Après un interminable voyage express, me voici au sud de l’Inde, sous 41 degrés de bonheur. Voici 5 jours que j’ai commencé ma cure ayurvédique ‘Panchakarma’. Avec tout le ghee qu’on me demande d’avaler, j’ai l’impression de m’être transformé en une plaquette de beurre fondu.
La première semaine de cure est focalisée sur la detoxification du corps, et pour la médecine ayurvédique, ça commence par l’ingestion de ghee. Le ghee, prononcé ‘gui’ est une forme de beurre clarifié, qui est obtenu selon un rituel bien précis. Les indiens l’utilisent aussi bien pour cuisiner, pour prier, que pour soigner. Chaque matin, à 7h, j’avale une petite quantité de ghee qui augmente de jour en jour. Au début, je trouvais ça marrant, mais arrivé au 5ème jour, je dois boire une tasse complète de ce précieux liquide et je vous avoue que ça me donne la nausée rien que d’y penser. J’essaye d’avaler ça en conscience et avec toute la gratitude du monde, mais je béni avant tout ma tisane de gingembre sans qui rien de tout cela ne serait possible. C’est l’étape nécéssaire avant de continuer mon traitement et je souhaite honorer le processus.
A priori, le ghee va pénétrer dans toutes mes cellules et les purifier. Il devrait même s’infiltrer dans les recoins de mon cerveau pour y déposer sa médecine. J’adore et j’adhère au concept et c’est bien pour cette raison que je me laisse ghee-der. Sauf qu’à boire autant de ghee, il ressort par tous les trous. Je rote des relents de ghee, quand je pète ça sent le ghee, mes dessous de bras suinte le ghee et je vous laisse imaginer ce qui sort de moi quand je vais aux toilettes. Mais bon, je me sens vraiment bien, léger, et clarifié, comme du beurre fouetté.
Je reçois aussi un massage quotidien par Santosh, un indien qui fait 3 fois ma carrure et dont la voix prépubère apaise mes douleurs articulaires. Je suis nu comme un vers, et c’est lui qui m’équipe du traditionnel langot - une sorte de slip qu’on n’enfile pas, mais qu’on attache avec des sangles. En clair, je ressemble à un sumo anoréxique.
On commence la session par une petite Pooja (prière) et un petit badigeon de ghee sur les chakras. Les tables de massage ayurvédique sont particulières. Ce sont de grosses tables en bois avec les bords relevés pour faciliter l’évacuation de l’huile qu’ils utilisent à profusion. Ce n’est pas une huile comme les autres. Celle-ci est infusée avec plus de 80 plantes, c’est donc une huile médicinale, spécialement conçues pour mon dosha (ma constitution ayurvédique). Pendant 1h, je me fais pétrir côté pile et face par des paluches d’ursidé. Je ressors comme une pâte à pizza qu’on enfourne ensuite dans une cabine à vapeur. C’est une contraption ingénieuse que je compte bien répliquer. Imagine qu’un placard et un hammam font un bébé, et voilà le résultat. C’est un caisson en bois, duquel seul ma tête ressort, et qui se rempli de la vapeur d’une cocote minute.
Ma session terminée, je peux m’en retourner dans ma chambre, et attendre que la faim toque à la porte de mon estomac. Pendant cette première semaine, on me nourrit deux fois par jour de soupe de riz (en gros, c’est du riz dans un excédent d’eau) et d’une assiette de légumes. Grâce au ghee, je n’ai pas faim avant midi et je me surprends à me sustenter d’un repas aussi simple. Je prends enfin le temps de mâcher, de savourer, de déglutir et ma fierté du moment consiste à ne pas prendre de rab. Évidemment, je n’ai pas de dessert et à part une louchette de miel dans ma tisane de gingembre, je n’ai pas mis de sucres dans mon corps depuis mon arrivée. J'ai l'impression de renouer avec un moi primaire.
Je passe le reste de ma journée à m’ennuyer, à tourner en rond, à lire, et principalement à végéter sous les ventilateurs du plafond qui me permettent d’oublier temporairement qu’il fait plus de 40 degrés dehors. Les dieux soient loués, l’ashram a une petite bibliothèque assez fournie pour pacifier l’ennui et je profite de ce vide temporaire pour me remplir de lecture. Je bouquine à fond sur l’ayurvéda et me laisse surprendre par des ouvrages que je n’aurai habituellement pas ouvert. Si les moustiques étaient mieux nourris, je passerais plus de temps à profiter de l’ombre du parc arboré. J’affronte tout de même les piqûres pour trainer avec les poules sous les manguiers, cocotiers, jacquiers, tamariniers, et arbres à latex… Je me suis aussi promis de prendre le temps d’écrire, de réviser, compléter et republier le récit de mon premier voyage à vélo au coeur du peuple indien il y a de cela 20 ans. Je continuerai aussi à vous raconter mes sensations pendant ce panchakarma et j’espère bien motiver une poignée d’entre-vous pour me joindre l’année prochaine pour une seconde session. Merci de m’avoir lu et je vous donne rdv d’ici quelques jours pour la suite. Kevin Ps: Une petite faim? J'avais fait une vidéo sur un petit plat que j'adore = Upma. Inspire-toi et régale-toi avec cette vidéo.
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