Je suis fier de vous annoncer que j’ai tenu la première phase de mon ‘Panchakarma’ sans tricher. Comme je l’expliquai dans le premier article de cette série, la cure commence par une tasse de ghee (beurre clarifié) à 7h du matin et pendant 7 jours. Arrivé au 5ème jour, je n’en pouvais plus. J’avais la hantise de me lever et faire face à cette médecine du supplice. En voyant la tasse, j’avais la nausée qui titillait ma glotte et des sueurs froides qui remontait par mon épine dorsale. Mais j’ai réussi. J’ai avalé cette dernière tasse comme on brandit une coupe du monde. Y’a pas à dire, l’auto-discipline est une source intarissable de satisfaction.
Ça fait donc 7 jours que je bouffe du bouillon de riz accompagné de sa petite assiette de légumes. Inlassablement la même chose matin et soir. Ça fait parti du jeu, et comme je suis bon joueur, je me console en offrant ma gratitude pour cette nourriture que certains rêveraient d’avoir.
Alors, je mâche, je salive, je tourne et retourne chaque cuillerée dans ma bouche pour en extraire un maximum de saveurs. Autrement dit, je roule des pelles à ma nourriture. J’aime bien me priver occasionnellement des choses que j’adore car le plaisir est décuplé quand on les retrouve. Faire un break pour mieux se retrouver. C’est aussi pour cette raison que je suis parti pour un voyage solo de 2 mois. J’adore quand ma famille me manque!
En attendant de retrouver une alimentation 'normale', j’ai passé la semaine à dénicher des recettes fabuleuses sur Instagram et j’ai envoyé ma liste à Gina. Cette année, le festin de Noël sera à la mi-juin pour moi! D’ailleurs, si ça t’intrigue, au sommet de cette liste est un Snickers glacé fait maison, sans lactose ni cochonnerie! Tu prends une banane, tu la coupes en deux, tu lui enfonces un palet dans le bide, tu la badigeonnes de beurre de cacahuète, tu la roules dans ces cacahuètes, tu l’enrobes de chocolat noir et tu la mets au congélo…et voilà!!!! Je salive déjà! Avant de passer à la seconde phase de la cure, on veut s’assurer qu’un maximum de toxines soient évacuées. C’est bien beau de nettoyer le dehors avec du savon, mais il faut aussi penser à décaper sa tuyauterie ! Au 8ème jour, on m’a servi une grande tasse d’un liquide ambré. C’est une décoction de plantes ultra amère qui t’envoie des vagues sismiques le long de la colonne vertébrale. Cette étape s'appelle virechana. Au bout d’une heure, la magie agit et cette boisson a le pouvoir de réveiller les volcans d’Auvergne! Je passe ma journée à courir aux toilettes pour soulager ces éruptions gastriques. Je découvre un geyser dans mon entre-jambes !
C’est dans ces moments que je me remercie d’avoir casser ma tirelire pour m’offrir le luxe d’une chambre dotée de toilettes privées. Je tiens tout de même à noter qu’en Inde, le terme ‘privé’ est aussi souple qu’un yogi assermenté. Je rougis encore de la petite anecdote que je vais vous partager. Mon forfait inclut une femme de ménage qui vient tous les jours passer un coup de balais, prendre mes vêtements sales, et changer mes draps si besoin. Je sympathise donc avec Sreeja et on échange comme on peut sur les choses essentielles de la vie. Elle ne parle que le Malayalam (la langue officielle du Kerala) et moi le mîme Marceau. Je lui montre des photos de ma famille, lui joue un air de ukulele et lui propose de jouer avec mon kendama (c’est un bilboquet japonais au cas où tu te commençais à te faire des fausses idées). Habituellement, je suis très heureux de la voir et d’échanger avec elle, mais en ce jour du purge, c’est vraiment la dernière chose que je veux faire. Elle est tout fait au courant de ma situation et me fait des gestes très imagés pour me demander si j’en chie bien. Oh que oui, ça coule de source! Comme par hasard, c’est le jour où elle décide de passer la serpillière, de changer les draps du lit, et de faire les poussières. Ma courtoisie, ou ma timide lâcheté, m’empêche de la congédier, alors je serre mes sphincters et tente de faire les 100 pas pour prendre mon mal en patience. Je sens mon ventre qui gargouille et j’ai l’impression d’avoir vidé un paquet de Mentos dans du Coca-cola. Cette fois, ce n’est pas la chaleur estivale qui fait perler des grosses gouttes sur mes temples. Je remercie la méditation qui me sert toujours dans les moments opportuns.
À peine est-elle sortie que je fonce sur le trône pour expulser tout mon bonheur. C’est bruyant à souhait et j’ai l’impression qu’une bande de pompiers miniatures se servent de mon colon pour éteindre un incendie. Je ressors un peu plus allégé et dégoulinant de sueur quand je tombe nez à nez avec ma comparse qui me tend mes vêtements propres tout en me félicitant avec un ‘good job’. Elle secoue la tête en faisant des petits 8, ce qui en Inde est une forme d’approbation générale. En clair, elle est fière de moi et je suis le seul à être gêné.
Elle veut nettoyer les toilettes à présent et cette fois-ci, j’ose mettre en pratique le maître mot de la grande sagesse espagnole: Mañana!
Cette purge s’accompagne d’une journée de jeûne pour être sûr que je sois totalement vidé avant de continuer. Ma doctoresse m’annonce qu’il me faudra manger du bouillon de riz pendant encore 2 jours et que la seconde phase pourra enfin commencer. J’accepte, j’accueille, et je prends ma faim en patience. À ce stade de la cure, je ne peux pas vraiment dire si je me sens mieux. C’est plus un challenge qu’une partie de plaisir, mais n’est-il pas bon de souffrir un peu pour sa santé? Après toutes les vacheries que j'ai infliger à mon corps, je lui dois bien ça... Je sais que ça me fait du bien, en tout cas, ça chamboule mes mauvaises habitudes alimentaires et c'est déjà un grand pas en avant. En Ayurveda, on dit que je prends soin de mon feu digestif, mon Agni. C'est la base de la santé! La seule chose que je regrette à ce stade, c’est d’avoir mon ordinateur et mon smartphone car j’échappe trop facilement à l’ennui. Mais bon, ça me permet de rester créatif et végétatif, alors j’opte pour le côté positif. Je dois éviter le sport, les siestes, et les masturbations intellectuelles mais ce qui se passe dans l'intimité de ma chambre est hors jurisdiction. Je m’ennuis tellement que c’est la troisième fois cette semaine que je me coupe les ongles pour me donner un semblant d’utilité. À part ça, c’est vraiment sympa l’ayurveda…
Dans le prochain épisode, je vous parlerai des autres ‘karmas’ ou traitements qu’on propose pendant cette cure. Et si vous vouliez jeter un oeil sur le centre dans lequel je vis cette aventure, j’ai fait une petite vidéo. À tout de suite pour la suite Kevin Ps: Si tu as loupé la première partie, c'est ici.
Well one is sure, I could not do that. I can only imagine how good you must feel all cleaned out but I couldn't go through with that.