1111 km séparent le MonasTerre (Tarn) du Boom Village (Portugal). C’est un signe ou quoi? Généralement, les places du Boom Festival se vendent en quelques minutes et à moins d’être posté devant son ordinateur, carte de crédit en main, il est très difficile d’obtenir une place. Ce n’était pas du tout au programme pour nous. On devait aller dans l’autre sens, explorer l’Italie en famille et revenir tout cramé 2 mois plus tard. Mais chez nous, Les plans sont aussi malléables que les coupes de cheveux. C’est lors d’une discussion entre amis que l’idée d’aller vivre le Boom est apparue comme une évidence. Ils nous ont dit que suite à l’annulation de l’édition 2020, pleins de gens revendaient leur place. Quand les astres s’alignent, il faut savoir s’engouffrer dans le cosmos! Techniquement parlant, c’était très compliqué pour nous. Beaucoup de freins, beaucoup de portes qui semblaient verrouillées. On n'avait que quelques semaines pour trouver un gardien pour notre lieu et arroser nos potagers, une personne ultra responsable pour prendre soin de Mycelium pendant 15 jours (car on avait besoin de vivre ça en couple et notre fille n’aurait pas vraiment kiffé la vibe), et un amoureux des chiens pour câliner Nahka Bear. Tu connais ma philosophie? Quand tu dis OUI à la vie Elle te dit (bien sûr que) OUI aussi Et la magie commence par une prise de risque. Fais le premier pas vers la confiance et le reste coulera de source. 5 minutes plus tard, nous avions 2 billets non-remboursables. Les réponses viennent toujours en chemin. Sans être plus étonné que ça (mais toujours empli de gratitude), tout s’est aligné à quelques jours du départ. Ben (un ancien woofer) s’occupe du Monasterre et mon père a du temps libre pour profiter de sa petite fille et de Nahka pendant notre expérience humaine. Merci la vie! Chemin faisant, on en profite pour escalader les roches brulantes de l’Espagne, dévorer des tapas colorées humidifiées à la bière ambrée et revisiter des villages portugais qui nous avaient marqué. Bref, on joue aux amoureux insouciants, et on replonge dans l’ancien temps. NB: j’ouvre une mini parenthèse pour ceux qui ne nous connaissent que depuis quelques temps. Saviez-vous qu’avant d’arriver en France, Mamaya et moi avions fait le tour du monde à pieds, à vélo, en stop, en bus et dans le confort de notre vieux break des années 70. J’ai moi-même rencontré Mamaya en Inde, et depuis ce jour là, on a exploré plus de 50 pays ensemble. C’est pour célébrer l’arrivée de Mycelium qu’on a décidé de gouter à la vie sédentaire. On s’était donné 3 ans grand max. Mais j'ai commencé à planter des arbres et je me suis enraciné un peu trop profondément à mon goût. 8 ans plus tard, dont 5 d’hésitation et de questionnements, on reprend les roues libres. Merci la sédentarité, mais on reprend le mouvement permanent (au moins quelques temps) D’ailleurs, ce pèlerinage pour aller au Boom est une confirmation de ce qu’on aime le plus au monde. Bouger, explorer, grimper, et se perdre dans des coins reculés pour encore mieux se retrouver. Arrivés au Boom la veille à 17h et première surprise - y’a déjà du monde! Beaucoup de monde! On emprunte une petite route de campagne et on se place en file indienne. Les moteurs arrêtés, je me dis que ça ne devrait plus tarder avant d’entrer et j’ai déjà hâte de créer notre campement (on a le luxe d’être en camping-car)
J’en profite pour descendre du véhicule et avance au sommet de la petite montée histoire de voir jusqu’où va la file d’attente. Stupéfaction ! Ce n’est pas une file d’attente, c’est une migration massive. Je n’en vois pas la fin! Des milliers de vans et voitures serpentent jusqu'à l'horizon. On avance petit à petit, comme dans un embouteillage parisien qui n'en fini plus. Je profite de chaque arrêt pour aller jouer au foot, boire un verre, lire un peu, lancer un freesbee et faire connaissance. Mamaya rattrape sa lutte capillaire à la pince à épiler, histoire d'hypnotiser sa patience. On arrive devant les fausses portes d’entrée à 3h du matin - déjà 10h d'attente dans les dents! Je dis ‘fausses’, car on reçoit juste notre bracelet (avec puce incorporée) et on nous entasse dans la poussière quelques centaines de mètres plus loin. C’est la gendarmerie qui gère la circulation et mis à part les vans exotiques et les corps tatoués, l’ambiance me fait plus penser à une fuite apocalyptique qu’aux prémices d’un festival joyeux. Personne ne nous accueille officiellement, on se laisse porter par le troupeau, sans rien savoir, et c’est à coup de sirènes et de sifflets qu’on nous fait déplacer. Je suis pris d’une vague d’empathie pour nos frères et soeurs expulsés de leurs pays, et qui marchent désespérément vers la survie. On bouffe de la poussière gogo, on est constament sous pression et encore, nous avons le luxe d’être en véhicule équipé d'un mini frigo et d'un lit douillet. Certains sont venus à pieds (avec une surcharge de poids sur le dos) et d’autres à vélo. Y'a des vans qui ne démarrent plus et qu'il faut pousser pour redémarrer. Dans une demi panique, Mamaya insiste pour faire demi-tour et a beaucoup de mal avec cette ambiance pesante. On est très loin de l'ambiance champêtre qu'elle imaginait. De mon côté, je suis fasciné par le mouvement humain, la résilience de la foule, et j’étudie comment s’organise une mini société qui ne se connait pas encore. Et puis, je suis trop fatigué pour abandonner. On entre officiellement dans le parking du festival à 7h du matin! Le baptême du désert - Check! La seconde phase, c’est l’inoculation. On peut enfin préparer son mini campement. Nous sommes garés en pente et chacun improvise des cales avec des pierres et des morceaux de plastique pour les mieux équipés. On gagne quelques centimètres, mais on se résigne à vivre penchés pendant la semaine de festival. Il faut tout tenir et jouer aux funambules avec des livres et des vêtements - ma parole, c'est l'univers qui me fait bosser l'équilibre. On est empilé les uns sur les autres, et il est impossible de ne pas partager son intimité. Quand quelqu'un fume, tu lui offres tes poumons, quand quelqu'un pète, tu lui prêtes tes oreilles et quand quelqu'un jouis, tu souris pour la vie! On met des draps et des tentures pour créer un semblant de cocon et se protéger comme on peut du soleil et de la poussière. Une fois posés, je peux enfin m’écrouler de fatigue et je dois m’attacher pour ne pas tomber du lit. J’angoisse déjà le départ car je sais que j’aurais besoin d’être poussé par une bande de costauds. Et histoire de travailler encore plus la perte de contrôle, on réalise qu’il nous sera impossible de partir avant la fin du festival car les nouveaux arrivants bloquent toutes les sorties de secours. Résiste et l'univers te mettra en situation! Alors quitte à être bloqué ici, autant en profiter! Accueille et l'univers sera ta maison! Je te raconte la suite de l’aventure dans ce post! Je parlerai psychédélique, isolement social, coexistence, kung fu, et nudité! Si t’es pas encore abonnée, tu peux le faire en un petit clic. Merci de m’avoir lu C’est la carotte d’un écrivain! Si le coeur t'en dis, mets un petit like et partage ce récit autour de toi. Donc merci d’être ici et maintenant! Love love love
PS: Je te parlais de nos années d’errances autour du monde, voici une petite vidéo qui retrace un voyage aux USA. On avait organisé un Camp korAkor pour l’occasion, histoire de vivre une folle aventure entre grands enfants!
Cette vidéo devrait te filer le smile
Quelle joie de te lire, merci pour ce joli partage !
Merci pour ce partage, j'ai pu jusqu'à sentir la chaleur, la poussière, la légère peur, la petite douleur de la pince à epiler, la sensation de déséquilibre... la fraternité qui s'installait dans ce lieu magique
La suite, la suite, la suite hahaha... purée ca donne trop envie de vivre ce festival
Kiss & Hugs