Et si on restait dans ce quartier et qu’on s’y installait le temps que notre fille termine le lycée ? Et si on mettait une pause au voyage pour s’enraciner et créer un petit paradis dans cette zone pavillonnaire ? Notre chemin nous pousse vers le soleil couchant et nous filons à l’ouest, en direction du Colorado et de l’Utah. Mais en attendant, j’ai laissé libre cours à mon imagination, et j’aimerais vous partager une bribe de ce qui germe dans mon esprit.
Ce que je vais te décrire est le fruit d’une réalité parallèle, une rêverie ensoleillée, et j’espère qu’elle t’inspirera à croire que peu importe où tu poses tes valises, il y aura toujours une abondance d’opportunités pour créer la vie qui te fait vibrer. Imaginons que je m’installe ici, en famille, pour de vrai. Mon kiffe à moi, tu le sais peut-être déjà, c’est de planter des Jardungles - le paysage comestible de demain. Ces jardins-jungles foisonnants où cohabitent fleurs, légumes, fruitiers et poésie. Et comme j’ai aussi une passion pour l’humanité, je ne pourrais m’empêcher d’aller voir mes voisins pour troquer, échanger, partager. Partout où je passe, je réveille et titille le vivant. Je commence devant chez moi avec une pelouse qui n’attend que mes bonnes idées. Je plante des bacs à légumes, des herbes en spirale, des fleurs de toutes les couleurs, et autant d’arbres fruitiers que la terre peut en porter. Le devant de notre maison devient un tableau vivant, un cadeau visuel et comestible à la communauté. Un petit stand coloré complète le décor, en libre service : œufs frais, bouquets, légumes, herbes médicinales, poteries, jeunes plants... avec une boîte pour les contributions. Mais souvent, je serai là, les mains dans la terre, à chatouiller les vers, prêt à te saluer, t’offrir un café, une bouture, ou un conseil jardin non-sollicité.
Je te poserai des questions sur ton propre jardin, tes rêves verts, et peut-être qu’ensemble, on commencera à planter le tien. Chaque matin, je pars en balade. C’est mon moment pour sonder le quartier, saluer, aider. Je ramasse quelques déchets, et si je croise un chien, j’en fais mon nouveau copain. J’ai mes sécateurs dans la poche, toujours prêt à libérer une allée ou tailler un rosier épuisé. Ces balades deviennent des semences de lien. Je repère les terrains à verdir, les plantes à multiplier et je lance des sourires pour voir s’ils me sont réciproqués. Je donne, je plante, mais je trouve aussi quelques contrats payants. Des petits services utiles et des chantiers un peu plus intéressants. Certains me donnent carte blanche, d’autres préfèrent des jonquilles. Qu’importe. Petit à petit, l’abondance appelle l’abondance. Avec mon épouse, on travaille en duo et à vélo. Une remorque multifonctions derrière notre tandem, et nous voilà partis jardiner chez les particuliers. Compost maison, jeunes plants, conseils et coups de main. On récolte leurs déchets végétaux pour les transformer en sol vivant. On crée un circuit vertueux, où l’économie s’aligne sur le vivant.
En bonus, on proposera certains soirs des quiches et pizzas maison, le lundi matin du bon pain au levain, et selon les saisons, mille et une douceurs à croquer. Des petits trucs en plus qu'on aime faire sans en faire toute une affaire. Mon ambition secrète, c’est que tout le monde composte. Si tu ne peux pas le faire chez toi, pas grave, on passera le récupérer sur notre tournée et nos poules et lombrics s’en chargeront avec joie. Nos coups de pédales sèmeront des sourires et c’est fort probable que quelques graines ‘tomberont’ de ma poche au passage. Notre petit jardin ne suffira pas. Alors on jardine les espaces oubliés, on fait des partenariats avec le voisinage, on t’apprend à élever des poules dans ta cours arrière, et à faire pousser des patates dans tes bordures. L’enthousiasme devient viral et ça sera une pandémie de fertilité qui affectera tout le monde. Pour ceux qui rêvent plus loin, on les aide à créer leur mini-business devant chez eux : un réparateur vélo, une nounou du coin, une petite boulangerie, un kiosque à idées. Chacun contribue, chacun rayonne de son originalité. Plus besoin d’aller loin pour trouver des solutions et de l'animation.
Devant chez moi, et tôt le matin, je sers le café à emporter et un petit plat du jour cuisiné pour ceux et celles qui partent bosser. On s'assure ainsi que tout le monde mange un repas sain à midi. Petit à petit, le quartier s’éveille, bourdonne, s’épanouit. Les enfants traînent un peu plus souvent dehors, aident les voisins et repartent avec quelques fraises en échange. Une gazette circule une fois par mois, remplie d’histoires, d’annonces, et d’invitations. Un groupe Facebook complète le tout, pour les bons plans et les coups de main du moment. Je préviens par WhatsApp : "les pizzas seront servies à 19h !" Tout le monde sait que le vendredi, y’aura un peu d’ambiance devant chez nous, et qu’une livraison sera organisée pour ceux qui ne veulent pas se déplacer. Il suffit parfois d’un esprit hyperactif et d’une âme généreuse pour faire germer une révolution résidentielle. Et si personne ne voulait jouer le jeu ? Alors je resterai un simple jardinier de quartier, en lien avec les plantes de chacun. J’ai toujours vu la vie comme une toile vierge. Et moi, je peins avec du vivant. Je ne m’inquiète pas de comment je vais gagner ma vie. Je sais que le lien au végétal est ma clé, et que l’amour de l’autre ouvre toutes les portes. Mon secret ? Je ne commence jamais par demander. Je commence par donner. L’argent, c’est bien. Mais la symbiose avec sa communauté, c’est infiniment plus riche. Oui, je suis peut-être un rêveur. Mais j’ai foi en la contagion de la générosité. Et cette vie-là, je l’imagine facilement. Ici peut-être, ou là bas en Utah, face aux montagnes que je grimperai entre deux plantations de fruitiers. Je vous souhaite des OUIs en Abondance et si, comme nous, ce n’est pas encore le bon moment pour vous, alors, laissez tout de même votre imaginaire s’envoler. Love love love Kevin Ps: On a commencé à planter ce rêve chez ma soeur qui vit dans le quartier. La graine est semée, y'a plus qu'à arroser. J'ai écrit un petit poème à ce sujet
Jardin urbain au Kentucky
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Sous un ciel d'avant printemps, On sème l’avenir d'un geste apaisant. Les mains dans la terre, l’âme chemine, Chaque graine posée est un rêve qui s’enracine. On joue, on apprend, on rit et on pense, Le jardin s’aggrade au fil des silences. Les fruitiers s’installent, promesses sucrées, Offrant aux abeilles des saveurs enchantées. Le printemps approche…
et sinon, je parle d'un autre Jardungle ici
Notre place est dans la jungle
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Je suis extrêmement ému, j’ai le cœur qui se gonfle et j’ai l’impression qu’une vague de larmes s’apprête à couler le long de mes joues poilues. C’est un mélange de joie, de fierté et d’optimisme. Je suis de passage au MonasTerre et j’éprouve toutes ces émotions en me baladant dans le Jardungle.
great idea!