En une même soirée, j’ai fait face à 4 archétypes, 4 futurs moi, 4 possibilités de qui j’allais devenir dans 20 ans. Je te raconte tout ça juste après une courte annonce: Il reste 1 dernière place pour la Retraite Silencieuse du 15 au 21 mai, dans le Tarn. Nous sommes une équipe de 8 (5 participantes +3 bénévoles) au total pour vivre cette aventure exceptionnelle et bouleversante. Si tu sens l'appel du OUI mais que tu hésites encore pour des raisons techniques (ou la trouille), texte-moi au 0777041741 et on en discute. Au pire, j'ai une autre formule à te proposer. Je reprends... C’est la première et dernière fois que j’ai 40 ans et je réalise 2 choses. La première, c’est que je vis comme si j’avais 20ans. Je suis encore sur la route, sans grande responsabilité et je m’intéresse plus à ce que je vais boire et manger ce soir que de réfléchir à ma retraite. Je rencontre un tas de gens, je vagabonde et je traine dans les cafés pour y écrire de la poésie. Je vis pleinement, sur les chemins escarpés de la société, à la rencontre de Moi au travers de vos émois. Ma vie est une escapade à cloche-pieds dans l’Ici et Maintenant. La seconde, c’est que je rencontre beaucoup d’hommes de 60 ans. Ça tombe bien tu me diras, car je suis pile au milieu de tout ça. À 40 ans, je voulais avoir 20 ans et à 60 ans ils rêveraient d’en avoir 40. J’observe et écoute ces messieurs avec beaucoup d’attention, car ce sont des avant-goût d’un moi à venir. Il y a quelques jours de cela, j’étais parfaitement calé près d’une eau turquoise, en bout de de presqu’île, à jouer du ukulele pour célébrer une autre journée à exister. Assis sur la jetée en pierre, j’admirais le coucher de soleil et avais l’impression de flotter sur Terre. Avant minuit, j’allais rencontrer 4 hommes d’une soixantaine d’années lumière, l’un après l’autre, comme dans une soirée Speed Gay-ting où tout le monde aurait le temps de s'écouter. Le premier est un irlandais, accompagné d’une ravissante femme aux long cheveux argentés. Je comprends que c'est sa nouvelle chérie du moment. Une belle gueule de vieux routard, un ton bronzé par des années à suivre le soleil, quelques tatouages qui ont mal vieillis et un magnifique collier en perle qui pend autour du cou. Ça fait 25 printemps qu’il vient dans cette crique et c'est la première fois qu’il emmène sa nouvelle compagne d’aventure. Je lui dis que j’habite dans le camping-car qu’il voit là bas et il pointe du doigt un petit voilier mouillé à 100m du quai. C’est là qu’il vit 6 mois de l’année. Il se balade de crique en crique et préfère flâner qu’aller bosser - en fait, son boulot c'est de flâner. Il quitte la Sardaigne quand il fait trop chaud et que les touristes débarquent en masse. Il préfère bosser avec ceux qui viennent hors-saison car ils prennent plus le temps. Son système est bien rodé. En fin de séjour, il appelle Guiseppe, le chef de ma mini Marina, pour sortir son bateau de l’eau et l’entreposer sur terre. Il paye un petit forfait de gardiennage et le voila libre comme l’air jusqu’à la prochaine saison. Le reste du temps, il voyage, anime un blog et invite son audience à faire le Big Jump - l'équivalent de mon Art de se Dire OUI! D’ailleurs, sur ma liste de OUI à vivre avant d’être transformé en compost, il me reste ‘vivre sur un voilier dans les Caraïbes’. Bref, je vois en lui un potentiel moi. En toi je me reconnais!
Je les invite à me rejoindre pour la soirée karaoké que j’ai vu annoncée, mais ils ont RDV avec l’Amour et une pizza au feu de bois. J’enfile mon costume préféré = ‘La Cucaracha’ = mon déguisement de cafard car je sais qu’habillé comme ça, je ne peux que passer une bonne soirée. Et puisque ce soir je vais chanter, j’en profite pour arborer toute ma beauté. Mon entrée dans le bar ne passe pas inaperçue, et comme bon Troubadour que je suis, je me retrouve rapidement une bière à la main, offerte par un gars fumant dans un coin. Je le rejoins pour un brin de causette. Marcello est plus que beau. Une queue de cheval grisonnante qui compense pour son crâne dégarni, un petit cigare cubain au coin du bec, des lunettes aux épaisses montures rouges, un petit haut de costard sur une chemise en lin, et un blue jeans qui tombe parfaitement sur ses mocassins en cuir tressé. Bref, un bel homme venant originellement de Napoli ! Ça fait 40 ans qu’il est arrivé en Sardaigne pour ouvrir un salon de coiffure qu’il tient avec sa femme. Il me vante la beauté de cette île, et à quel point ce fut la meilleure décision de sa vie. J’essaye donc de lui gratter quelques informations sur des coins sympas, des villages retirés à explorer ou des calanques magiques pour m’enivrer. Il est un peu gêné, mais il m’avoue qu’il n’a jamais visité la Sardaigne. Il est tellement pris par le travail. Son salon lui prend tout son temps, mais c’est aussi toute sa vie. C’est sa passion et il n’y a rien d’autres qu’il souhaite faire. Il aime que ses clients se sentent beaux, et qu’ils aiment ce qu'ils voient devant les miroirs. Il bosse du matin au soir, et quand il rentre dans son petit appartement, il apprécie mettre du jazz sur son tourne disque, se servir un bon whisky tourbé et se rouler un gros calumet. Sa vie est parfaitement rythmée ainsi. Le samedi soir, il vient ici, au karaoké, pour chanter ses titres préférés et voir ses clients impeccablement coiffés. Ne pensez pas qu’il n’aime pas voyager. Au contraire, il en rêve, mais il n’a pas le temps pour ça. Sans lui, le salon ne tourne pas. Et même s’il a assez d’argent pour s’arrêter, il a du mal a abandonné tout ce qu’il a crée. Et puis, même s’il commence à se faire âgé, "à quoi bon être retraité quand on peut encore créer?". Peut-être qu’un jour il visitera son île, mais en attendant, il a des cheveux sur la planche! Par curiosité, je lui demande c’est quoi le plus pénible avec son job. Il relève ses manches et me montre ses avant-bras tachés et parsemés de petites boursoufflures. Voilà comment son corps réagis face aux produits qu’il utilise. Mais c’est la vie. Chacun ses bobos, chacun ses contraintes.
Je rencontre alors un troisième type qui me fascine. Il n’a plus de visage. Enfin si, mais il a des paupières tellement boursoufflées et la peau tellement abîmée qu’on dirait un masque d’épouvante. Je ne vois pas ses yeux pourtant lui me voit très bien. Il porte un Fedora immaculément blanc, sous lequel dépassent quelques timides bouclettes cendrées. Sa petite barbe cache les imperfections du visage et sa moustache est jaunie par une vie à fricoter avec la nicotine. Il fume une cigarette, avec un porte embout en plastique, en plaquant l'entièreté de sa paume sur son visage. Sa voix est envoûtante, on dirait Barry White qui aurait (beaucoup) trop fumé. D’ailleurs, ce soir, comme tous les samedis soirs, il chantera ‘My Way’ et 'Just the way you are'. Je tiens à te rappeler que je suis toujours vêtu de mon super costume de cafard et que personne ne m’a encore posé une question ou fait de remarque à ce sujet. Ça fait juste sourire. C'est bon d'être partout chez soi. Nous parlons musique. C’est toute sa vie. Il vibre pour et par la musique. Il ne joue d’aucun instrument, mais il chante tout le temps. Il n’a peut-être plus de visage mais il a encore deux excellentes oreilles. Il entend tout! Il me confie que les enceintes de ce karaoké sont de mauvaises qualité, que le micro grésille, que l’acoustique n’est pas formidable et qu’il préfère le karaoké du vendredi soir dans un autre bar. Il vient ici parce qu’il n’y a pas d’autres options pour chanter le samedi soir. J’ai l’impression d’assister à son spectacle et d’être dans ses loges. Il attend le moment stratégique avant de monter sur scène. Pour l’instant, les gens se retrouvent et font encore trop de bruit. Ils papotent et se racontent leur semaine. Dans un instant, ils auront assez bu et n’auront plus rien de nouveau à se dire. Et c’est seulement à ce moment qu’il chantera. Ce bon monsieur m’effraie un peu car il représente une grande peur en moi = la déchéance du corps. Oui il est en surpoids, mais ça va encore pour moi. C’est vraiment ce visage méconnaissable, rongé par je ne sais qu’elle maladie de peau ou terrible hygiène de vie. Je me dis que c’est le fruit d’années de picole, et de milliards de cigarettes qui l’ont consumé. Ou peut-être que c’est cet embout en plastique! Je suis que ma femme et ma fille m'aimeront toujours comme je suis, mais moi, est-ce que je m'aimerais? En tout cas, même s’il est globalement beau, il est localement flippant. Mais c’est lui, 100% lui et ça ne l’empêche pas de vivre pleinement. Ça me donne envie de boire de l’eau, plein d’eau et de prendre soin de ma peau! Merci pour ce merveilleux cadeau!
Le dernier homme de la soirée tombe à pic après mon Barry White Sarde. Cet homme est resplendissant. Son teint est lisse, ses cheveux blanc neige et soyeux, un corps en pleine santé et des yeux bleus perçants. Il boit de l’eau, me parle de ses sorties montagnes, ses crapahutages dans la pampa et son amour pour le sport. Il est venu à vélo. Seulement 13km! Il aime chanter par dessus tout même s’il chante comme un pied (ce sont ses propres termes et après vérifications, il avait plutôt raison). Après chaque passage au micro, il se sent encore plus léger, ravi d’avoir tout donné et il s’en contre-fou de ce qu’on peut penser. Il a de belles dents, et son sourire me donne envie de le faire rire encore plus fort. Il resplendi la santé et c’est vraiment une partie de moi que j’aimerai conserver. Voici donc une soirée de ma vie, à la rencontre d’autres moi qui inspireront le reste de mon aventure humaine. Je suis un peu de tout ça, et c’est merveilleux de jongler avec mes moi. Tu es celui et celle que tu nourris, parait-il... Ce qui me rassure au final, c'est que quoi qu'il arrive, je serai toujours au bon endroit. 40ainement vôtre, Baba Bear PS: WEEK-END AU JARDUNGLE - 3 et 4 juin (possible du 2 au 5), Tarn. Un petit stage pour s'émerveiller entre humains au coeur du jardin. Inscriptions et infos par mail ou tel.
Mais qu'as-tu chanté ?
😁😂don't worry be happy ?
Ou ...l'amour à la plage ?
...ou...One de U2 ?
La question leu leu, de Bezu ? 😜
🤔three little birds de Bob ?...dis- nous!
Magnifique récit...et ! Est-ce que tu as chanté en costume de cafard ? !!!