Bon matin, Dans ce petit récit, je souhaite surtout vous partager comment je remonte la pente alors qu’elle est encore bien glissante. Je me réveille péniblement d’un très long et douloureux hiver. Un hiver qui a commencé prématurément pour moi. C’était fin septembre, je proposais mes ateliers pour le Festival Maintenant en Belgique et on se questionnait sur la suite du voyage. Monter en Suède ou descendre en Grèce? Passer l’hiver à Madagascar ou tenter l’aventure en Laponie?
Pas de crac, pas d’accident, pas de faux mouvement. Juste une douleur qui s’est installée et qui a décidé ce jour là de faire parti de mon quotidien. Un genou qui refuse de se plier et de se tendre. Mon ménisque à lâché pour mieux me parler. Ce jour là initia une glissade aux ‘enfers’ pour moi - un enfer relatif car il sera toujours le paradis de quelqu’un. Un enfer (un non-faire) car ne plus pouvoir faire est la bannière légendaire d’un sportif hyperactif. J’étais pourtant au sommet d’une belle vague et j’avais des plans pour que ça continue.
Depuis mon départ du MonasTerre en novembre 2022, j’ai passé mon temps à grimper de belles falaises, à célébrer la route et les rencontres. On était en plein tour d’Europe et on commençait à grimper des longues voies en famille. Quand je vous dit qu’on était littéralement au sommet du kiffe. Et puis, la gravité nous a rattrapées. Tout ce qui monte doit redescendre. J’ai terminé mes derniers spectacles en boitant et en remerciant les calmants. On a demandé un signe à l’Univers et tout s’est rapidement mis en action. J’ai réussi tant bien que mal (littéralement) à conduire notre gros camping car d’une traite jusqu’en Normandie. Hébergé chez ma soeur pour une première phase de convalescence, je glace et masse mon genou en espérant un miracle qui ne vient pas. La synchronicité a mis sur ma route une ostéopathe formidable qui avait passé de longues heures à suivre mes vidéos de jardin et qui était plus que ravie de me retourner la positivité que j’avais diffusé. Comme quoi, les retours viennent toujours au bon moment et jamais comme on les imagine. Un petit tour aux Urgences car il me faut une ordonnance et que les médecins ne prennent plus de nouveaux patients. Il faudra faire une IRM me dit-on. Un RDV qui prend 3 mois à caler tellement les services sont saturés.
On file donc en Bretagne pour louer une jolie maison en terre en s’imaginant passer un hiver doux et agréable comme on nous le promet sur l’annonce. Si vous étiez dans le coin, vous savez qu’il a plu non-stop pendant 4 mois. Et 4 mois de pluie, c’est long, surtout quand on passe sa journée sur un canapé. Ma joie de vivre s’est faite absorbée par l’humidité et mon envie de créer s’est dissoute dans les flaques d’eau. J’avais la flegme de tout, je dormais plus que la normale, et mon corps n’avait qu’une mission - se gorger de sucres. Je mangeais pour compenser la douleur, je grignotais pour combler mon vide d’action, je me goinfrais pour contrecarrer l’amertume d’être immobilisé. Heureusement que la médiathèque du coin était bien fourni car pris d’une envie de tout dévorer, je me suis plonger dans l’univers papier. La boulangerie était malencontreusement placée sur le chemin, ce qui m’a incité à nourrir deux passions en même temps - la bande dessinée et les croissant aux amandes.
Bref, j’ai pris des kilos que je n’ai jamais connu - ça tombe bien pour un gars qui aime faire des nouvelles rencontres. J’ai découvert que je pouvais moi aussi avoir de la cellulite sur les fesses et que mes poignées d’amour se prenaient à double paumes. Je me lamentais un peu sur mon sort tout en sachant pertinemment que c’était impermanent. L’opération du ménisque s’est bien passée et en dépit des heures de kiné et de toute ma volonté, mon genou reste bloqué. On appelle ça le flessum = la jambe ne veut plus se tendre ce qui me vaut une démarche de pingouin. Je suis passé par des peurs - peur de ne plus pouvoir courir, peur de ne plus jamais grimper, peur de m’encrouter et de devoir abandonner un tas de projets. La seule solution était de me mettre un bon coup de pied aux fesses - autrement dit, le comble d’un unijambiste.
Comment remonter la pente quand la lourdeur nous tire vers le bas? Comment trouver la force de continuer et la volonté de s’élever? J’ai fait ce que j’aurai fait pour mes clients - je me suis auto-coaché. Voici donc en 3 étapes ce que j’ai fait (et fais encore chaque jour) - Bouger son corps: je marche avec difficulté, mais je peux faire des abdos et des pompes. J’ai commencé par 10, puis 20, et aujourd’hui, je fais 150 pompes et 500 abdos tous les matins. La clef pour moi est d’y aller progressivement mais de titiller ma zone de confort. Je veux que ça me demande un effort physique car à chaque fois que je me dépasse, je nourris ma force de volonté. - Faire des petites choses difficiles: Prendre une douche froide ou plonger dans la piscine, ne pas se servir de seconde assiette, prendre un livre au lieu de scroller, ou m’occuper des papiers importants que je repousse depuis trop longtemps. - Reprendre mes bonnes habitudes: pour moi, c’est me lever tôt, méditer, écrire, repousser le petit-déjeuner le plus tard possible, et faire ma liste de gratitude par écrit en fin de journée. J’apprends aussi à être patient et je ne veux pas brusquer mon rétablissement. Ça prendra le temps que ça prendra et je veux l’accompagner avec douceur. Bref, le Printemps est là et d’ici quelques jours, je décolle pour l’Inde… Je vous en reparle dans un prochain mail. D’ici là, prends soins de tes habitudes. Kevin
I hope your India trip will bring you the relief you are looking for. I know your suffering wasn't easy. Pain can really bring someone down.
Je n’avais pas saisi que tu avais passé un hiver aussi compliqué… je t’envoie toute mon empathie, de la force et aussi de l’admiration car ton auto-discipline est incroyable !! ♥️💪