Le LSD commence à faire son effet - on est tout nu, recouvert d’argile et on s’offre à la vie en dansant sous le soleil ardent.
Si tu rejoins l’aventure, sache qu’il y a 3 épisodes à lire avant celui-ci. Je voudrais commencer par dire que je prends les psychédéliques très sérieusement. Et même si j’éclate de rire, me roule par terre et que je fonds en larmes, ça reste un voyage spirituel avant tout.
La dernière (et seconde) fois que j’ai voyagé au LSD, c’était en 2011, aux pieds d’un volcan au Guatemala. C’était avec mon petit frère et on a s’en souviendra à tout jamais! J’étais sur le point de fermer l’école libre et sauvage que j’avais crée dans un petit village de pêcheurs. J’avais une immense transition existentielle à vivre et ce petit buvard coloré aux pouvoirs insoupçonnés est venu m’aider à y voir plus clair dans mon coeur.
Depuis ce jour mythique, je n’avais pas ressenti le besoin de consulter sa sagesse (celle du LSD, pas celle de mon petit frère). Et comme je vous disais dans le premier volet de ce récit, c’est avant tout pour revivre ce trip éveillé que je suis allé au Boom. Ça semblait être chaotique à souhait et donc parfait pour laisser infuser la médecine. Quand je prends un psychédélique, je ne prends que ça. Pas de mélange avec d'autres substances. Je veux être le plus ‘clean’ possible pour recevoir ma dose. Fermons la parenthèse et revenons à nos moutons de synthèse.
La montée est très légère et tellement agréable à vivre. On se plait à lézarder au soleil, et à désarticuler nos membres sur la musique stellaire. D’autres culs-nus inconnus nous ont rejoins et on forme un groupuscule tribal le temps d’une chanson. Avant que l’argile ne sèche trop, on se roule dans l’herbe desséchée pour ressembler à des épouvantails couverts de paille. Je suis à plat ventre, les bras grand ouverts sur le sol pour remercier mon court passage sur la planète Terre. Je reste en étoile de terre quelques instants, totalement conscient de mes mouvements immobiles. Je ne bouge plus avec le corps mais avec le coeur. Ça pulse de joie en moi - idem pour Mamaya. L’argile craquèle sur ma peau poilue et il est temps d’éclore du dedans. On dit que lorsqu’un oeuf est brisé de l’extérieur, c’est un drame pour la vie, alors que s’il craque de l’intérieur, c’est le début d’une nouvelle vie - enfin, un truc comme ça. J'ai l’impression que mon âme va faire éclater ma carapace charnelle du dedans. Mon corps est trop petit pour contenir tout l’Amour qui frétille en moi.
Une seule solution s’offre à nous - retourner à l’air aquatique. Tels des hippopotames sans état d’âme, on se déleste de cette couche terrienne et du poids de la gravité dans le lac qui semble vouloir nous cajoler. Une partie de mon cerveau s’émerveille devant le spectacle de ces minéraux en mouvement - car cet argile n’a rien à faire ici (ou tout à faire, puisque tout est parfait). C’est le festival qui a livré des camions d’argile (venu de je ne sais où) pour les constructions naturelles et les battifolements des grands enfants. D’où provient cet argile? A t’il un impact sur la faune et flore aquatique? Suis-je entrain d'influencer l'Évolution? Je l’ignore et c’est tant mieux comme ça. L’essentiel est dans l’Unité. Je suis un avec tout. L’argile, l’eau, moi, et ces milliers d’étrangers ne sont que des reflets d’une même entité - et sur le coup, j’ai envie de l’appeler Renée (pour la rime et la métaphorité). On s’émoustille d’amour en pleine conscience pour se libérer de cette peau minérale. Notre épiderme en devient aussi visqueux qu'une anguille des îles et encore plus doux à caresser que le bidou d'un hibou. Je plonge en apnée et m’assois tout au fond (ok, y’a 1m60 de profondeur, mais les mesures sont décuplées sous LSD). C’est les yeux fermés qu'on voit l’autre réalité. Des kaléidoscopes isentropes et des serpentins coquins défilent dans mon horizon en floraison. J’ai l’impression que mes branchies s’activent car je ne ressens plus le besoin de respirer. Heureusement, y’a encore une partie de mon cerveau rationel qui me rappelle que je suis sous le puissant effet d’un LSD et que lui a besoin de s'oxygéner pour exister. Certes, je suis aussi Poséidon puisque tout est Un, mais j’ai une autre vie qui m’attend à la surface et une bouffée d’air à récupérer. Peu importe que je sois resté sous l’eau 1h ou le temps d’une courte respiration, l’essentiel est dans l’appréciation - et c’était tellement bon d’être un poisson chaméléon.
Suite à cette divine baignade, il est temps pour nous de replonger dans la transe du silence. On se renfonce nos boules quiès dans les narines oculaires pour profiter du spectacle lunaire. On ne marche plus - on flotte. On existe plus - on Renée.
Ce qui est génial avec les états modifiés, c’est qu’on se fout un peu de ce que l’autre peut penser - puisque l’autre est soi, y’a aucune raison qu’il ne me voit. On pense être aussi bien invisible qu’indivisible. L’Unité sacrée. Pour preuve, on croise notre amie Laura, et malgré les grands mouvements de bras à quelques pas de soi, elle ne nous aperçoit pas! (Je te promets Laura, on était juste devant toi!)
Tout est parfait - on est là pour observer! Anita, une copine portugaise avec qui on avait vécu en Australie (longue histoire) m’avait conseillé d’aller tripper dans le musée de la créativité (la salle d’exposition artistique). Chose promise chose due. Les œuvres d’arts semblent être crée pour voyager. Je colle mon nez sur les tableaux comme s’il y avait quelque chose d’infiniment subtil à décoder.
Je scotche devant une artiste qui peint une fresque impressionnante en direct et j’ai l’impression de pouvoir retracer toute sa réflexion bucolique. Je suis son cheminement philosophique que chaque coup de pinceau semble vouloir questionner. C’est une évidence - tout est question de lecture Quand j’y pense - c’est une forme de couture Tout fait sens - je comprends la peinture Cette aventure, c’est de la transe en culture. Dans un mini soupçon de clarté, je me demande ce que les autres peuvent penser de…. et puis je réalise à quel point c’est épuisant d’essayer d’entrer dans leurs pensées. Chacun sa bulle de pensées privées! Et puis, en vrai de vrai, ce n'est pas important! J’ai une réalité à apprécier et pas assez d’attention pour me diviser. Je penserai à ce qu’ils pensent un autre moment. Je préfère plonger dans le spectacle de l’instantané. On continue notre route sans mot dire. Ce silence permanent est tellement enrichissant. On se sait tellement connectées qu’il n’y a pas besoin de l’articuler, de le vocaliser, de le matérialiser. On est UN, un point c’est Tout. Avec Mamaya, on se télépathe une envie réciproque d’ingurgiter une eau de coco, car il faut savoir s’hydrater pour mieux tripper. À ce point de mon récit, je réalise que je ne t’ai pas encore parlé du mini-market de Boom. Ça vaut tellement le coup d’être vécu. C’est une supérette presque classique si ce n’est que les clients (et les employées) sont à poil, à plume et à donf!
La BoomBox crache de la psychotranse à outrance et les emplettes se font en dansant! Les rayons se vident et se remplissent en cadence transe, les prix sont exorbitants mais personne ne prend le temps, ni la peine, de se rebeller - on apprend à accepter ce qu'on ne peut/veut pas contrôler. Y’a un arrêt incontournable devant le mega ventilateur devant lequel chacun vient faire le cormoran - tu déploies tes ailes, ou tes bras si t’en as pas, et laisse le vent artificiel te chatouiller les aisselles. Les caissières sont splendidement allumées et expédient tes achats avec une efficacité fulgurante! Je vote pour que les gérants de supermarchés fassent un stage ici pour s’inspirer de cette fluidité. C’est de la good vibe en barre et peu importe le montant, tout le monde se marre en même temps! Si tu veux un visuel, imagine ce à quoi ressemblerait le shop d’une station service à l’époque de Mad Max. Ajoute de jolis sourires sur le personnel, un distributeur de pots de glace aux baies d’açaï et des paiements sans friction en scannant un bracelet micro-pucé. Bref, c’est le Vival du coin sous speed et tu peux prendre tout ton temps. C’est vraiment un truc à vivre, surtout sous LSD. Je me croirai plongé dans un tableau interactif de Hieronymus Bosch dirigé par Tim Burton. On en ressort vivifié avec nos électrolytes naturels en tetrapak. Je sens chaque gorgée dégouliner en moi du gosier jusqu’au doigts de pieds. Merci à Pachamama et Babylone d'avoir copulé pour m’apporter ça à portée de bras. L’heure est venu de nous séparer. D’un signe du doigt, Mamaya me fait comprendre qu’elle va rentrer au bercail pour plonger au coeur de ses entrailles. Elle préfère vivre la suite en solo, dans le confort sécurisant de notre intimité. Normal, c’est une introvertie. Pour moi, c’est un poil différent - je suis ambivert. J’aime jongler entre les deux mondes - le mien et le nôtre. Je recharge mes batteries en solitude pour contribuer à la foultitude. Et puis, tant que j’ai du crédit actif de LSD, je vais le consommer au cœur du peuple à me frotter à mes reflets. Je marche très lentement. Dans un silence absolu. Chaque pas est mesuré, apprécié, déposé. Je suis au ralenti dans un monde hyperactif. Beaucoup de réponses sortent de l'ombre - les incohérences, les contradictions, les automatismes… J’ai l’impression que personne ne fait qu’une chose à la fois. Ils mangent en marchant, conversent en dansant, et fument en scrollant. Je me prends mon reflet en plein nez. Je veux faire moins mais mieux. Parvenir à être vraiment présent à l’instant et la plupart du temps.
Je déambule en slow motion pour mieux cerner mon ego et mes émotions. Je leur fais face et leur offre l'espace. Une partie de moi veut critiquer, se différencier, se dissocier - c’est sûrement l’enfant blessé qui cherche à exister. Je réalise à quel point c’est isolant de s’adonner à ce jeu. J’ai l’impression d’être un pit bull de la bienséance et je ne laisse rien échapper à mon regard aiguisé. Je comprends aussi que cette pratique critique épuise mon stock de connectivité. Et si je fais ça aux autres, je dois indubitablement le faire à moi-même aussi. Je ne peux exister qu’au travers de la biodiversité. Il faut impérativement de tout pour faire un monde - de toi, de moi et même des chihuahuas. Alors, je lâche et tout s’apaise, tout s'harmonise, tout s'organise. Je les regarde avec tendresse, amour et compassion. Nous sommes tous frères et soeurs en quelques sortes - et même si je n'aime pas tout ce que tu fais, je ne peux qu'aimer l'être que tu es. Au lieu de te décortiquer, je voudrais juste te célébrer. Toi et tes incohérences Toi et tes bizarreries Toi et tes différences. Je t’aime pour ce que tu es, pas pour ce que tu fais! Et ce que je fais à toi, je me le fais à moi! Eureka! Je n’ai pas besoin de juger mon reflet. Je veux simplement incarner et démontrer ce qu’est pour moi le jeu d’exister. Je me mêle de mes fesses tout en matant les vôtres Car y’a personne d’autre que moi dans cette pièce là. Les masques peuvent tomber ou rester ancré tant qu’on souhaite jouer.
Être en paix avec soi commence parfois Par accepter les gens pas comme toi Car un monde d’interdits ne me fait pas envie! Ça fuse de bonheur pendant des heures Et avant de retourner dans mon terrier Je m’expose tranquillement À ma méditation du couchant. Je fonds d’unité et de légèreté. Je pose mes décisions et mes nouvelles intentions. Je serais un amoureux hors paire Un père encore plus pépère Et un frère qui exagère à la légère J’ai encore du chemin à faire sur cette Terre et le don de moi semble évident à faire. Je m’endors avec des réponses aux anciennes questions Et des questions aux nouvelles réponses. Merci au LSD d’exister et de nous exposer à l’infiniment plus pertinent! Dans le prochain récit, je vous parlerai de nudité - une invitation à se déshabiller. Merci de m’avoir lu et j’espère que ça vous a plus que plu, poil au c.. Un 'like', un 'coeur', un 'partage' est un signal de communication dans cet univers virtuel. Love love love Baba NB: Il nous reste 1 place pour la colonie de vacances pour grands enfants (du 22 au 27 août, dans le Tarn) clique ici pour voir à quoi ressemble nos camps et écris-moi si t'es plus que partant pour jour avec tes peurs ! Y'aura même un voyage dans la boue! Je vous ai parlé de mon école libre et sauvage au Guatemala - y’a pleins de vidéos à ce sujet mais en voici une qui résume ce projet
Un moyen de gagner des années pour mieux servir Soi et l'autre ! Merci pour cette description hors du Temps et de l'Espace !
Merci Baba!
Quel récit et quelle écriture, toute simple, profonde et toujours enjouée, un régal de lecture.
Merci de partager ton expérience, ton évolution, ton ouverture. C'est génial !!!