Je kiffe les enfants et les enfants me kiffent. C’est un truc super bizarre à dire de nos jours. Car un adulte qui aime les enfants, ça fait peur. “C’est quoi ce pervers qui traine toujours avec les gosses?” “Il a pas d’amis de son âge?”
Évidemment que j’ai des amis de mon âge, mais ils sont au bar, sur leur smartphone ou ils parlent de trucs qui m’ennuient. Et le reste du temps, ils travaillent. En ce moment, je suis garé près du petit terrain de foot d’un village en Sardaigne. J’occupe mon morceau de trottoir avec des plantes, de l’encens et des dessins. Les gamins sont forcés de passer par là pour rejoindre le stade et j’éveille leur curiosité. Alors, je suis allé jouer au foot avec eux - un grand dadais dans une foule de pygmées. Ils ont entre 6 et 13 ans et moi plus du triple! Je ne suis pas souple dans la vie mais je sais faire des grand écarts quand il s’agit de jouer.
Comme je ressemble à Giroud (footballeur connu), ils se battent pour être dans mon équipe. On joue, on rigole, et j’apprends ainsi l’italien: "Va fanculo stronzo!" Ils essayent de baragouiner en anglais, et me disent que j’ai “a very beautifulo black dog”. Le foot est donc ma porte d’entrée dans leur univers. Le savais-tu? Gamin, je rêvais de faire footballeur professionnel, et j'ai arrété après une fracture en sport étude foot! Aujourd’hui, je rêve d’organiser des tournois de foot au profit des gamins de rue et des communautés isolées (Madagascar? Colombie? Burkina? On verra bien…) Je joue deux fois par jour avec eux, et je les trouve très violents. Ils se mettent des coups bas, se font des tacles à dévisser des chevilles, et se jettent à terre pour carotter un penalty (bon ok, ce sont des italiens, mais c’est quand même pas génétique tout de même).
Ils sont tricheurs, moqueurs et jettent leurs canettes de Coca et papiers bonbons sur le terrain. Je pourrais les détester, et pourtant, je les kiffe! Je rie à les voir se prendre la tête et argumenter avec les mains. Ça hurle sur le terrain et ça pique des crises de nerfs quand on leur vole le corner.
Je ne suis pas là pour leur faire la morale. Je suis venu jouer, prendre mon pied et partager une tranche de vie avec des petits humains. Et comme je suis ultra fair play (et que je suis quand même le plus grand), ils m’imitent sans rien avoir à leur dire. "Sois pleinement toi et laisse les autres être inspiré - ou pas" N’allez pas croire que c’est en une partie qu’ils changent leurs habitudes. J'en ai fait des matchs avec eux!!! Mais leur comportement évolue au fil du jeu. Ils s’excusent d’une faute maladroite et vont même jusqu’à applaudir quand l’adversaire met un joli but. J’ai remarqué un truc marrant. Quand ils ont le ballon entre les pieds, ils foncent vers le but, sans faire de passe, et tentent de passer en force avant de s’écrouler pour gratter un penalty. Le foot est pourtant un jeu d’équipe. C’est ça le plus kiffant pour moi. Ça me fait penser un peu à notre modèle de société. On avance tête baissée, en solo, autant qu’on peut, et on fini par s’écrouler et espérer une forme de compensation. C’est épuisant, ça ne marche pas et surtout c’est contraire à l’essence du jeu collectif. Inutile de leur faire un exposé philosophique sur les avantages de l’entraide. Je décide de transformer les règles du jeu et de doubler le but quand il provient d’une passe. Devine quoi? Ça marche à fond! Moralité: changeons les règles du jeu et vous verrez ce qu’on gagne à collaborer. J’aime les enfants et j’adore passer du temps avec eux. J’ai commencé ma carrière dans l’animation pour enfants, dans un camping sur la côte d’azur. J’avais une ribambelle de gamins européens et quelques jours pour préparer un spectacle ensemble. C’était 3 mois de l’année et ça me permettait de voyager le reste du temps. J’ai aussi donné des cours de hip-hop, fait le clown pour les anniversaires et je me suis même déguisé en Père Noël pour livrer des cadeaux en porte à porte! Depuis aussi longtemps que je peux me rappeler, mon rêve est de créer un genre d’orphelinat évolutionnaire pour que les gosses isolés puissent avoir une famille. C’est toujours sur ma liste et je n’ai pas attendu d’avoir ce lieu pour commencer à vivre ce rêve. Avec Mamaya (mon épouse, bras gauche et partenaire extra-ordinaire), on a commencé par créer des écoles libres et gratuites dans notre petit village au Mexique (en 2009). On prétextait leur enseigner l’anglais pour les rassembler et jouer à l’humanité. C’est le projet IT’SKOOL, car on peut apprendre tout en jouant et semer en s’aimant. Ensemble, on a nettoyé des rivières, coloré la cours de récré et pris le temps de s’écouter. On a réitéré l’aventure dans un petit village de pêcheurs au Guatemala, cette fois avec des volontaires du monde entier. J’avais 26 ans et j’étais à la tête d’un projet qui m’en a fait voir de toutes les couleurs. J’ai décidé par la suite de passer plus de temps avec les grands enfants - les adultes. On est allé en France pour créer un nouveau lieu de vie, et on a kiffé comme des fous! C’était des colonies de vacances pour grands!
Aujourd’hui, ma fille a 9 ans, et j’aimerai vraiment recréer des écoles magiques, organiser les tournois de foot, et rassembler les enfants de tout horizon. Cet été, on va organiser des premiers RDVs et d’ici bientôt, vous verrez de nouveaux projets émerger. Si t’as des enfants et que tu kifferais leur offrir une tranche de vie mémorable, discutons-en! Mon truc préféré du moment, c’est tous ces gamins qui viennent me voir au camping-car. Ils m’invitent à jouer au foot, me demandent de jouer du ukulele, veulent caresser Nahka et m’aider à faire quelques boutures. Y’a même des gosses de 4 ans (que je ne connais pas) qui crient ‘Baba’ quand ils me voient. Je me sens chez moi! Je ne ferme pas la porte de mon camping-car, je leur prête mes jouets, et ils viennent même me gratter une pièce pour un bonbon quand je suis assis au café du coin, à pianoter ces mots. J’adore! Je veux vivre entouré de gamins! Je veux les voir grandir et j’aimerai tellement pouvoir leur proposer pleins de nouvelles règles du jeu. Le respect, l’amour et la générosité font partie d’une culture intégrale, et c’est dans ce genre d’environnement que je veux évoluer. Love love love Baba Bear Nous organisons un premier ‘Wild Camp’ pour 2 familles. Nous avons loué le refuge perché dans les Pyrénnées et on va créer un séjour inoubliable pour nos enfants. Du 2 au 5 juillet, en Ariège. Tu viens avec les tiens? Écris-moi TU VEUX VOIR UNE VIDÉO DU PROJET ITSKOOL AU GUATEMALA? CLIQUE ICI
J'ai partagé cette histoire à mon fils ( qui a 20 ans) ...j'espère qu'il prendra le temps de te lire !