À la base, on devait juste faire un petit arrêt de deux jours pour rendre visite à ma belle-sœur. Elle nous avait dit qu’elle vivait à Hayden, une petite bourgade tranquille à 40 minutes de Steamboat Springs, cette station de ski où la poudreuse est comparée à de la mousse de champagne tant elle est fine. C’est peut-être pour ça que tant d’olympiens y ont élu domicile. “Y’a rien à faire à Hayden, juste une librairie et un café. Tout se passe à Steamboat”, nous a-t-elle annoncé à notre arrivée. C’est un peu vrai et pourtant, quand on prend le temps de bifurquer dans les ruelles et de parler aux locaux, des portes s’ouvrent. La Highway 40 traverse le village, et à part y faire le plein (un peu moins cher qu’en ville) ou prendre un café à emporter, on voit peu de raisons de s’y attarder. On pourrait presque appeler ça une cité-dortoir, car beaucoup de locaux font des allers-retours à Steamboat pour travailler. Comme je vous l’ai raconté dans mon article précédent, la flambée des prix a poussé de nombreuses personnes vers la périphérie. Certains font plus d'une heure de route chaque matin pour aller bosser ! Bref, on arrive à Hayden, on dépose nos sacs dans le petit appart, et on part direct se balader pour explorer le coin. Et là, quelque chose de très bizarre (et pourtant super familier) m’arrive: mon corps se met à pétiller, des frissons me traversent, et une vague d’évidence déferle dans ma tête et mon cœur. Le Saint-Esprit a quelque chose à me dire.
Tout clique en moi, comme un appel sacré. Je vois que ce quartier a à la fois 'besoin et envie' de plus de plantes (c'est un ressenti que les jardiniers partagent). Il y a un fabuleux parc juste à côté, un horizon de collines enneigées, des troupeaux de vaches, des flots de chevaux, un petit étang avec des bancs pour méditer, et même des poulaillers improvisés disséminés dans le quartier. Dans ma tête, c’est une explosion de possibilités. Et si… Et si… Et si on restait là quelque temps ? Et si on s’installait et qu’on y semait une touche de fertilité ? Ma famille n’a pas du tout le même ressenti… enfin, pas au départ. On continue la balade et on découvre une toute nouvelle école, de la maternelle au lycée, un point essentiel pour nous. Notre fille veut absolument aller à l’école (elle entre en 6ème), et même si elle n’aime pas les devoirs, elle a envie de vivre les choses que vivent les autres enfants: les copinages, les clubs de sport l’après-midi, le brouhaha de la cantine, une routine fixe, et les potins de récré.
Elle en a un peu marre de voyager. Elle rêve de s’installer. Bon, ok… elle veut son ranch, ses 18 chevaux, ses chèvres, ses cochons d’Inde, et tout le tralala. Elle ne me croit pas quand je lui dis que moi aussi. Mais que pour y arriver, il va falloir dégainer des combines de ninja, car mon compte bancaire est un peu trop maigrichon pour ce genre de rêve. Et que l’immobilier américain a pris la grosse tête. C’est un rêve qui coûte très cher — sauf si, comme moi, 'on n’a pas besoin d’être propriétaire.
Une de mes devises, c’est : "On n’a pas besoin de posséder pour avoir accès." Car ensemble, on a tout. Il suffit de collaborer avec celles et ceux qui ont déjà. En vadrouille vers les essentiels Le lendemain, je pars en vadrouille, solo, à la rencontre des points-clés de ma réalité. Si je dois vivre dans un village, il me faut impérativement trois lieux : - un café où me poser et créer, - une bibliothèque pour m’enivrer de livres et participer à la vie sociale, - une salle de sport (avec sauna, idéalement) pour transpirer avec d’autres humains. Je fais donc ma petite tournée et enchaîne de merveilleuses rencontres. On me sourit, on me souhaite la bienvenue, et je sens que mon excitation est bien accueillie. La salle de sport est en fait un centre communautaire qui propose un cocktail de tout: du yoga au pickleball, de la poterie au jujitsu, et même un sauna pour terminer en beauté. Cerise sur le gâteau: le centre est ouvert 24/7. Plus aucune excuse. Premier check 👍 La bibliothèque est à taille humaine. Derrière le comptoir, je rencontre des nanas formidables, dynamiques et souriantes. On connecte instantanément, et je sens les bras s’ouvrir. Elles me proposent de collaborer pour remodeler les espaces verts de la bibliothèque (oui oui, ça sent le jardungle), et me soufflent qu’il pourrait même y avoir une rémunération à la clé. Double check 👍 Je termine ma boucle par le café du coin, et là encore, coup de foudre. Le café aurait dû être fermé, mais je pousse la porte, et tombe sur Tammie, la propriétaire. Tammie est une boule d’énergie et de générosité. On accroche direct, comme une bardane sur ton pull de grand-mère. On partage le même amour pour la communauté, les plantes, et elle est passionnée de chevaux. Exactement la personne qu’on rêvait de rencontrer pour notre fille. Elle me demande si je cherche du boulot, car ils ont besoin d’aide. Triple check 👍
Une évidence collective Bref, j’enchaîne les belles rencontres, et le boulevard des portes ouvertes s’ouvre grand devant moi. Hayden, c’est exactement ce qu’on cherchait: Une petite communauté, plus ou moins solidaire et engagée (il faut de tout pour faire un monde), mais surtout un endroit paisible, où tout se fait à vélo, et où on n’a aucune crainte à laisser notre fille aller seule à la bibliothèque ou à l’école. On dit qu’il faut tout un village pour élever un enfant… Je crois qu’on l’a trouvé. Et la maison, alors ? Aux USA, on te dit qu’il est impossible de louer sans un bon score de crédit (les banques attribuent un score aux bons payeurs), et que ton salaire doit être le triple du loyer. Parfait ! On n’a jamais eu de carte de crédit, et mon salaire actuel (je suis entrepreneur) me permet de louer… pour une semaine. 😂 Mais l’Univers conspire toujours en notre faveur. Je fouille sur Marketplace, trouve une maisonnette avec un mini jardin… Je rencontre la proprio, le courant passe, la confiance s’installe. On fait un deal (wakatepe baboon), et c’est parti pour notre première location depuis plus de deux ans. C’est bien de vivre chez les autres, ou dans un van, mais c’est encore mieux d’avoir un toit à soi… et un jardin pour exprimer notre créativité.
Et maintenant ? Mylee a trouvé son mentor cheval, et passe la plupart de son temps au ranch, quand elle ne traîne pas dans les ruelles avec ses nouvelles copines (ou nos cochons d'Inde). Tu te souviens des Goonies ? Eh bien… c’est ça. Gina régale les papilles des clients du café avec des croissants aux amandes et des sandwichs multi-étagés à tomber par terre. Et moi ? Je jardine, j’offre des cafés, je distribue des plantes et je partage l’amour du ukulélé à qui veut bien gratter. Et la suite ? Ça fait un mois qu’on est installés. On est déjà actifs sur plein de fronts… et il y a tellement d’opportunités à saisir. Les bacs de jardin qu’on a créés regorgent déjà de fleurs et de plantes à croquer. Et cerise sur le gâteau: on a trouvé un petit terrain juste à côté de l’école. On rêve d’y développer un centre korAkor, avec : - sa pépinière du peuple - du lombricompost à gogo - des cours de jardinage tous âges - et probablement une jolie caravane pour accueillir des voyageurs (toi ?) ou des retraites silencieuses. Tout se met en place comme dans un sol vivant. Et si tout marche aussi bien, c’est qu’on saupoudre notre réalité à coups de gratitude. Merci la vie, Merci Hayden, et merci de m’avoir lu. La suite arrive bientôt… Je te parlerai d’invasion de criquets, de Laura Ingalls et de sa petite maison dans la prairie. Abonne-toi si ce n’est pas encore fait… Love love love, Kevin Et si tu voulais prendre le temps pour une petite vidéo de notre nouveau jardin 👇
Quelle belle nouvelle !!
Eterre'n'ailes joie de te lire, et d'avoir de si riches nouvelles de votre famille ❤️
Énormissime câlin à vous 3..
Génial! Une belle nouvelle aventure qui commence!