Je suis donc parti à pieds de Varkala et j’ai commencé à longer la mer, en direction du sud.
L’aéroport de Trivandrum est à 55km et j’ai 10 jours pour m’y rendre.
Je voyage léger, donc c’est pas vraiment une contrainte de marcher pour moi.
J’ai encore mal au genou suite à mon opération ce qui me donne une démarche un peu bancale de pinguoin tropical.
Comme d’habitude, j’adopte l’attitude du bois flotté = je me laisse porter par le courant.
Le Principe est simple; j’avance jusqu’à ce que quelque chose se passe, et crois-moi, y’a toujours quelque chose qui se passe.
Au bout de 2h de marche, je dégouline de sueur sous 40 degrés de bonheur.
Je m’arrête à une petite échoppe pour croquer dans des mangues fraîches et des bananes panées (je kiffe ces douceries!).
Je papote avec les gens que je rencontre, de tout et principalement de rien.
Je viens de France, je suis marié, j’ai une fille de bientôt 10 ans, je suis musicien-poète-vagabond, et j’aime les mangues. Oui, ça m’arrive de manger du poisson et non ce n’est pas ma première fois en Inde. J’aime bien manger épicé, et j’ai déjà mangé du boeuf. Je vais vers le sud, à pied, mais je ne sais pas vraiment où exactement. Et OUI, je n’ai que ça comme affaires.
Généralement, après cette série de questions, on a plus grand chose à se dire, et c’est parfait comme ça.
Ah oui j’oubliais: “je n’appartiens pas à une religion en particulier mais j’oeuvre quotidiennement au service de l’Amour, sous toutes ses formes et manifestations.”
Je suis un Troubadour de l’Amour.
Je trace ma route en chantonnant, quand un scooter s’arrête et le gars me prie de monter derrière lui. J’obtempère avec joie en dépit du fait qu’il ne parle pas anglais. On roule 15 km, il me montre du doigt un tas de trucs qu’il juge intéressant et me dépose devant un vieux fort.
Je le remercie, il prend un selfie avec moi et je me retrouve quelque part sur la carte du monde - ‘Vous êtes Ici et Maintenant’.
Je continue alors mon chemin et je croise des ribambelles de gens qui s’étonnent de me voir dans ces contrées escarpées avec une petite guitare à la main.
C’est un ukulélé et OUI, je vais vous jouer un petit morceau: “Quand tu dis OUI à la vie oh oh oh, Elle te dit OUI aussi!!!!”
La mer d’Arabie est toujours sur ma droite, donc je sais au moins que je vais dans le bon sens.
Quelques kilomètres plus loin, un autre scooter s’arrête et cette fois, c’est un jeune homme d’une vingtaine d’année. Il travaille dans un temple et s’inquiète pour moi. Il roule 30 minutes et après une petite pause Chaï + banane panée (qu’il insiste à m’offrir), il me dépose devant un hôtel et attend mon pouce en l’air pour le rassurer que ce soir je dormirai au frais (‘Take an A/C Room my friend’ = Air conditionné).
Bon, j’ai un peu menti car l’hôtel en question n’accepte que les indiens et le prix de la chambre fait frissonner mon porte feuille.
Les gérants, toujours sympathiques et courtois, me disent d’aller à Kovalam Beach, une plage touristique à 40 minutes en bus d’ici.
Je vous le dis, je suis un bois flotté et je me laisse porter par les synchronicités.
Je saute dans le premier bus qui passe et j’arrive dans une petite bourgade côtière bondée de touristes indiens.
La petite plage est vraiment jolie, avec un front de mer où s’entassent pleins de petits cafés, des restaurants et des hôtels. Bref, une plage touristique on ne peut plus classique, mais avec une touche spéciale = il y a un joli phare au bout de la anse.
Je me laisse guider par un local qui me trouve une petite chambre à 8€ la nuit (incluant sa commission), et après une bonne douche tiède (l’eau froide est un mythe en Inde), je pars explorer mon nouveau chez moi.
C’est mignon tout rond, et je me fais vite happer par les vendeurs ambulants, les propositions de massages et les menus qu’on me met sous le nez.
Ça ne me gène pas. Je prends le temps avec chacun, je sympathise, je taquine et je promets (ou pas) de venir plus tard vider mes poches chez eux.
C’est une approche commerciale qui peut être assez brutale et répétitive quand on ne connait pas, mais je suis profondément zen en ce moment, donc je surfe ces vagues avec légèreté.
Je cherche toujours à voir l’humain qui se cache derrière la façade. J’aime connaître leur prénom, un bout de leur histoire et soutenir leur petit commerce.
Il y a toujours différents degrés d’intimité dans mes rencontres.
Y’a ceux que je croise, et celles que je vois. Et je parle du ‘Je te vois’ de Avatar!
Ce n’est pas le cas avec tout le monde, et tant mieux. C’est cette rareté qui donne toute sa saveur aux rencontres.
Je suis un nomade en mouvement constant, et pourtant, je suis aussi une créature d’habitude et de routine.
J’aime être fidèle à un lieu et nourrir la symbiose.
Par exemple, je me suis trouvé un petit bureau sympa où ils servent du bon café en French Press (à piston).
Leur wifi est abondant et leurs petits déjeuners semblent moulés d’après mon estomac. Ni trop, ni moins = juste assez!
Philip le serveur sait que je suis son premier client de la journée et il ouvre même en avance juste pour moi (et oui, je suis une créature de l’aube).
Je prends soin de lui avec des pourboires et il m’apporte mon café sur ma table préférée sans rien me demander.
Lé bon mon buwo !
J’aime l’idée d’être un habitué. J’aime connaitre leurs prénoms et qu’on m’appelle par le mien. En clair, j’aime le lien que crée l’intimité!
Le reste de la journée, je traine, je flâne et j’ouvre grands les bras aux opportunités d’aimer et d’aider!
Je grimpe en haut du phare pour bouquiner, et je demande à l’Univers de m’apporter une surprenante surprise.
Au coucher de soleil, en retour de balade, je croise un vendeur ambulant qui insiste pour me montrer ses statuettes d’éléphants taillées mains et pieds.
Je lui explique en vain que je n’ai vraiment plus de place dans mon sac à dos car j’ai déjà acheté tous les cadeaux qu’il nous faut.
Il insiste et je traine un peu par politesse. S’il prend mon temps, alors, j’en fais de même et lui fais part de ma vision du commerce éveillé. Je plante mes graines !
Il n’a pas les oreilles bouchées et ma profondeur semble le pénétrer. C’est facile d’écouter quand on parle au coeur.
Soudainement, un gars sorti de nulle part me tend sa carte de visite.
C’est un gros ‘Non Non’ dans les lois culturelles du commerce. Lorsqu’un vendeur s’occupe d’un potentiel acheteur, tu ne viens pas les interrompre pour lui proposer autre chose. Tu attends ton tour. C’est la loi du Preums.
Et pourtant, c’est exactement ce que Vasudev n’a pas fait.
Je regarde la carte et je vois ‘cours de yoga’!
Ça tombe bien car c’est exactement ce dont j’ai le plus besoin.
Je remercie mon vendeur de cailloux et suis mon nouveau compagnon pour faire connaissance autour d’une tasse de thé.
Très rapidement, je le vois et je sens qu’il me voit aussi.
Mes cellules raisonnent et je sais que quelque chose va naître de cette rencontre.
Est-ce que t’as déjà eu la chair de poule quand une vérité te traversait?
En anglais on appelle ça des ‘truth-bumps’ (c’est un jeu de mot avec goose-bumps, le mot qui désigne la chair de poule).
Je propose de suivre un premier cours avec lui le lendemain matin.
3 jours plus tard, je signais un bail de 3 ans afin de créer mon premier Ashram en Inde!
Vasudev sera la gardien du lieu, vous y êtes les bienvenues quand vous voulez et je vous raconte comment ça s’est passé dans le prochain épisode.
Je tenais à te remercier de suivre mes aventures et de me lire. C’est vraiment le plus beau cadeau qu’on peut faire à un écrivain.
Si t’as des amies qui aiment lire, voyager et qui ont la même vibration positive, pense à leur faire suivre un de mes articles (ou partage-le sur ton mur social).
C’est par le bouche à oreille que je veux me faire connaître.
Love love love
Kevin
Ah! the rawness!
You are very special