NB: voici la 3ème partie de mon récit sur le Boom Festival
Mon expérience est forcément le fruit de mon histoire personnelle et ne pourras jamais représenter la réalité de ce Festival. Il y a autant d’histoires que de façons de le voir.
Le mieux étant d’aller vivre toi-même ton aventure et de forger ton opinion.
Bonne lecture
Boom me fait penser à une grande ville. Y’a des places bondées et des quartiers peu fréquentés. Le mouvement y est perpétuel et y’a toujours la queue quelque part - que ce soit pour les toilettes, un café ou les balançoires.
Ce que j’apprécie énormément c’est qu’en dépit de nos différences de styles, de philosophies ou de goûts musicaux, l’écosystème coexiste à merveille. Je ne dirai pas que nous sommes une grande famille solidaire, mais plutôt un groupement d’homo-sapiens éclectique avec pour intention commune de prendre son pied sans marcher sur celui des autres. Et ça marche - Boom fête ses 25 ans (les créateurs avaient eux-mêmes 25 ans à l’époque). Mais comment faire connaissance dans un tel bain urbain?
L’avantage avec les divers ateliers proposés c’est que ça augmente les chances de rencontrer du monde. Généralement, on vient d’ailleurs pour ça car les espaces sont réduits et les activités demandent souvent de former des binômes avec des partenaires inconnus. Le reste du temps, ça peut paraître difficile d’entrer en communion avec les autres - surtout quand on est seul ou un peu mal dans sa peau. Les couples ne se lassent pas de s’enlacer comme des serpents, les petits groupes d’amis semblent avoir crée des bulles impénétrables qu’on oserait déranger et les gens solo pressent le pas pour aller vers je ne sais quoi. Y’a des gens surdosés et d’autres scotchés sur les pistes de danse comme englués dans les décibels. Combien de fois je me suis dit que j’aurai tant aimé vivre ce festival avec ma Tribu - mon groupe de potes éveillées. Une poignée d’humains avec qui partager ce fabuleux destin. Et c’est souvent le cas pour moi. Car même si la solitude est un de mes nectars préférés, je vois encore plus de beauté à le partager avec une flopée d’amis en devenir. J’aime collectionner des colliers de souvenirs à partir de nos rires. (D’ailleurs, je prévois un Group-Trip en Thaïlande/Laos fin 2022 et aux USA début 2023 - Inch Allah !)
J’ai beaucoup de chance (et de mérite) d’avoir un couple épanoui car même si on se chamaille encore sur des questions existentielles, j’arrive à honorer mes besoins de solitude, d’aventure et d’inconnu. On fait des respirations - tantôt ensemble, tantôt en solo. Parfois ensemble et seuls à la fois et souvent seulement ensemble. C’était donc un de ces soirs où j’avais besoin d’aller vivre le Boom à deux pieds sur terre. J’avais planifié de faire mon voyage au LSD toute la journée et j’ai raté le coche - enfin le coucher de soleil, car j’aime entrer dans la sphère psychédélique avec le levant ou le couchant. Et comme tout est parfait, je savais qu’une autre opportunité allait se présenter. Inutile de résister à la synchronicité - le bon moment choisi toujours son instant. 3 jours qu’on est là, et impossible pour moi de réellement connecter avec l’humanité. J’ai observé le peuple dans sa splendide incohérence, admiré le grand écart de la co-existence, et fait des équations rationnelles dans ma cervelle. On s’est échangé des sourires courtois, renvoyés des regards bienveillants mais à mille lieu de pénétrer dans la sphère de l’intimité. Je trouvais les regards fuyants, et les énergies glissantes - un peu comme sur les réseaux sociaux. Une foultitude de tête sans pour autant partager la fête. On se valide d’un coup de tête timide comme on mettrai un coeur engagé sur un selfie.
L’avantage, c’est que je suis une petite mouche invisible qui peut écouter les conversations sans indiscrétion. Une thématique revient constamment = les gens. 'Les gens çi, les gens ça.' 'Les gens d’ici et de là bas.' 'Les gens ne font plus çi, et ne sont plus comme ça.' Pour moi, quand on parle des gens, on parle de soi. “Parle-moi des autres et je te dirai qui tu es” Car quand tu pointes quelqu’un du doigt, y’en a trois qui reviennent vers toi!
Alors, serait-ce à moi de percer la bulle de l’individualité, de faire éclater ma coquille de solitude et d’initier les conversations? Et si les autres bouillonnaient d’envie de communier, de discuter, de parloter? Et si les gens étaient juste intimidés et qu’ils avaient oublié comment converser sans la barrière d’un écran interposé? Et si on avait pris l’habitude de ne regarder qu’au bout de son nez et que l’horizon était voilé? J’ai donc pris ma théorie à deux mains et je suis aller toquer dans l’intimité de l’individualité. Protocole d’abordage social selon Baba: 1) Engage le lien à distance (de 1 à 2m) en faisant un petit coucou de la main En clair, entre dans le champs de vision d’une personne à distance et ne brusque pas sa bulle privée (surtout dans un contexte où les gens sont plongés dans leurs pensées) 2) Fais une proposition claire et directe “Salut, est-ce que tu as deux minutes pour faire un petit jeu avec moi?” 3) Assure-toi d’avoir son consentement “C’est un jeu où je te pose des questions personnelles, ça te dit toujours de jouer?” 4) Offre toute ton empathie Perso, je suis là pour découvrir une personne, pas pour lui raconter ma vie. J’ai deux oreilles pour écouter et une seule bouche pour parler. 5) Équilibre ton interaction Vérifie si la personne souhaite rester engagée ou s’il est temps pour toi de continuer ton chemin. Offre-lui une sortie de secours. “Je peux te poser une seconde question ou tu préfères en rester là?” Évidemment, cette formule n’est pas figée et s’adapte en fonction des rencontres, mais je prends toujours conscience qu’à la base, ma présence n’est pas sollicitée et je tiens à respecter la bulle personnelle de chacun. J’ai donc passé ma soirée à papillonner de personne en personne, à connecter, à poser des questions, à parler à coeur ouvert et à célébrer l’intimité partagée. J’aime l’instantané, j’aime la simplicité, j’aime la complicité. Même si j’ai partagé de très belles conversations ce soir là, je ne ressens pas le besoin de rester connecté. Pas besoin de s’échanger nos emails, de se suivre sur Instagram, ou d’espérer se retrouver. Ces moments là font partis de l’Ici et Maintenant et je préfère qu’ils restent un présent hors temps. Aimer sans attente - par pur bonheur de rencontrer son reflet et de se sentir exister. Je voulais une réalité connectée et je suis parti la créer. Les jours suivant, je n’ai pas fait l’effort d’aller solliciter l’autre ni d’aller me frotter à d’autres reflets. Je suis resté invisible le reste du séjour et c’est avec beaucoup d’amour que j’ai pu me sentir connecté à cet océan de gens sans jamais parler.
Couché à 3h avec le Boom Boom qui n’en fini pas, et levé à 7h pour étirer mon corps avant l’initiation au Jujitsu. C’est décidé, en fin de journée, on partagera le carton de LSD avec ma tendre aimée pour apporter encore plus de clarté dans notre couple libéré. Elle aurait préféré un voyage à deux au MDMA (‘la drogue de l’amour’) mais quand l’univers t’offre des citrons, fais de la citronnade. Nous sommes des gens du matin, et rien de mieux qu’un café allongé sous les arbres penchés et un carnet en main pour éveiller sa créativité. La psycho-transe omniprésente devient presque pesante et c’est sur un coup de génie que nous décidons de passer le reste du séjour avec des boules de cire enfoncées dans les oreilles - j’entends les battements de mon coeur, les gargouillements de mon tube digestif et fais plus attention à ma circulation sanguine qu’aux conversations qui ne me sont pas adressées. Le Festival prend alors une toute autre atmosphère et je me surprends kiffer encore plus le monde en sourdine. OUI, j’ai deux oreilles, mais je ne suis pas obligé de les laisser allumées. Il reste environ 2h avant le coucher de soleil et c’est le bon moment pour nous d’entrer en communion avec l’Univers. On s’assoie dans un salon semi enterré, à l’ombre d’une canopée de curcubitacées pour envoyer notre prière sacrée avant d’avaler notre laisser-passer vers l’intemporalité. On avale notre demi-LSD d’un trait et remercie Dr Hoffman d’avoir joué à l’alchimiste. On décide de laisser monter la médecine dans le lieu le plus approprié qui nous soit proposé = un cratère de boue où une bande de cul-nus s’enveloppent d’une nouvelle peau faite d’argile! Je te raconte la suite dans le prochain message… Donc reste connectée si tu souhaites t’envoler à nos côtés. Love love love Baba Bear C’est à ce moment là que les premiers effets ont commencé