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Des messages poétiques pour une trique philosophique
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Je ne sais pas pour toi, mais moi, j’ai quand même un peur de mourir. Ce n’est pas de la mort elle-même dont j’ai peur, car je suis sûr que y’a un truc ultra génial juste après. C’est plutôt une peur de cesser de vivre. Car j’aime ma vie.
Même si c’est parfois dur, stressant et plus qu’enquiquinant. Même si y’a des trucs bizarres aux quatre coins du monde. Même si je suis parfois fatigué de devoir penser à ma sécurité, à trouver comment gagner assez d’argent ou à m’assurer que ce qu’on mange ne va pas nous tuer. OUI, la vie est merdique parfois, Mais je sais composter et c’est ce qui transforme ma réalité En une mine de fertilité.
On a encore frôlé la mort hier. Disons qu’on est vraiment pas passé loin du près... Pourtant, tout a commencé si bien. Méditation et baignade matinale dans un torrent glacé. Écriture poétique avec double café en main. Célébration familiale et balade originale. On est en Autriche et les paysages font vibrer mes cellules oculaires. Des montagnes surélevées d’où coulent des forêts densément peuplées Des cascades qui jaillissent des sommets pour venir s’écraser plus bas dans la vallée Des étendues d’herbes parfaitement broutées avec des chalets de bois qui poussent ici et là.
On se dirige à présent vers l’Allemagne et le GPS nous propose deux options. L’Autoroute 10 qui trace droitement tel un anaconda de béton armé Ou Des routes beaucoup plus tortueuses qui se faufilent dans le vert au travers de petits villages aux saveurs d’hiver. On est pas pressé et j’aime être paumé, Alors je me laisse guider par l’envie d’accumuler Des paysages de toutes beauté (Et peut-être aussi le goût des routes gratuites) Ce que le GPS ne nous dit pas C’est qu’en passant par là Nous devons raser les sommets Et affronter les pentes éffreinées. On se tape des montées à 15%, sur des dizaines de kilomètres, Impossible de faire demi tour car une fois engagé, Les routes sont trop étroites pour se retourner. Notre camping-car s’en prend plein le moteur Et je jongle entre les rapports Pour continuer d’avancer. La seconde est trop faible et la première hurle à en perdre haleine. Je culpabilise en voyant la file de voitures s’entasser derrière nous Et prendre des risques pour tenter de nous doubler dans un virage serré. La jauge de température frôle le rouge Et je crache des fumées noires que j’ai honte de voir. On progresse au ralenti, à 10 kilomètre à l’heure, dans un fracas de terreur.
L’angoisse monte autant que l’altimètre Et je regrette chaque mètre d’autoroute économisée. Encore 2km et on sera au sommet et j’ai bien peur de ne pas y arriver. Je roule au ralenti et chaque mètre m’anéantit. J’ai les nerfs tendus avec l’impression que le moteur va flamber d’un instant à l’autre. Mon mental me bombarde de scènes glauques et de fins tragiques.
Le plat est enfin en vue avec l’espoir de se poser et soulager ces montées de chaleurs. Mais quenini, sur ce plateau aux vues idylliques, les camping-cars n’ont pas l’espace de se garer, et en cette période estivale, toutes les places sont convoitées par des locaux venus acheter des bouffées d’air pur pour le déjeuner. Le repos est de courte durée car au bout de 200m à chercher désespérement un endroit où se stationner, la pente s’inverse et annonce 8 km de descentes en virage à très forte inclination. Tout ce qui monte doit redescendre et dans le jeu d’aujourd’hui, il n’y a ni mi-temps ni sortie de secours. Il nous faut continuer, coûte que coûte.
Je vois les motos et les grosses cylindrées s’en donner à coeur joie et dévaler ce serpentin comme des bambins sans freins. J’aurai adoré débouler à vélo ou avec une bonne auto, Mais je suis au volant d’un vieux coucou sur roue Habité de toute ma vie et de ma famille qui commence sincèrement à paniquer. À ma droite le flanc de montagne et à ma gauche, le vide à peine protégé d’une petite barrière que ma maison roulante enverrait valser pour un flirt avec la gravité. Mon corps se tend, mes pupilles se dilatent et mes sphincters se contractent. J’appuis comme un forcené sur les freins, en faisant hurler la seconde à sur-régime, et siffler mes plaquettes qui partent en poussières.
Alors que je badine avec le stress, j’aperçois un mini renfoncement providentiel et je m’y glisse en espérant y trouver refuge. Je peine à m’arrêter, et en dépit d’un frein à main tiré comme jamais et de la première vitesse enclenchée, le camping car ne veut pas s’immobiliser. Il fait des soubresauts et avance par à-coups de centimètre en centimètre. La pente est trop rude et nous sommes trop lourd pour s’ancrer. J’enfonce mes deux pieds sur la pédale de frein à défaut de céder à la panique. On ne bouge plus, mais je ne peux pas relâcher la pression. Dans la cabine, c’est le silence complet. Mes oreilles bourdonnent, ma fille a des larmes qui perlent sur ses joues et mon épouse envoie des prières au nom de tous les panthéons. On a vraiment peur et je ne peux même pas les prendre dans mes bras. Le monde réel s’arrête et c’est le pire de l’imaginaire qui vient s’infiltrer dans nos pensées. Les scénarios catastrophes s’enchainent et se déchainent. Et si les freins lâchaient, et si on ne pouvait plus s’arrêtait, et si on loupait le prochain virage serré…
Heureusement pour moi, je suis un adepte du Kalam Kalam et j’arrive à me focaliser sur la positivité. Je retrouve la certitude que tout va bien se passer, que ce n’est qu’une épreuve à surmonter et que je pourrais bientôt écrire à ce sujet. Inspire, expire, gratitude, pronoïa et tralala! Bon, c’est le moment parfait pour moi de te rappeler que nous relançons une semaine de Kalam Kalam du 4 au 8 septembre, et que comme tu peux le lire, cette pratique a des bienfaits insoupçonnés! Je t’ai mis un lien en bas du texte! Je reprends… On a peur, mais on reste confiant. On a peur, et la seule chose que je peux faire c’est me concentrer sur ce que je peux maîtriser = ma façon de penser! Ce n’est pas comme ça qu’on partira, et décidément pas encore le moment. Nous avons tellement de rêves inachevés, tellement de belles choses à partager! Il nous reste 6 km de descente infernale, et après, c’est promis, on prend l’autoroute jusqu’en Allemagne. On reste 30 minutes, planté là, et en dépit des crampes qui taquinent les cuisses et mollets, je maintiens mes deux pieds enfoncés sur la pédale du milieu!
On enfile nos casques d’escalade pour la forme, et Gina construit un château fort d’oreillers autour de notre fille. Je relâche enfin la pédale centrale et on termine quelques minutes plus bas, dans un grondement de moteur débilisant et des grincements de disques inquiétants. Ça sent le brulé à n’en plus respirer et même si nos freins n’ont pas flambé, nous sommes bons pour un séjour à l’hôpital des chevaux en métal. Ce n’est pas la première descente de ce genre qu’on a fait depuis notre départ et c’est à chaque fois un mini cauchemar. Je dirais même qu’on les a enchainé et je pense avoir laissé des particules de freins dans bien des recoins. C’est encore une histoire qui fini bien, et si j’ai appris un truc de cette aventure, c’est que même si l’herbe est plus verte dans certaines contrées, il faut le mériter pour en profiter (et être très bien préparé). Je vous écrit ce petit texte depuis Munich, juste avant d’aller suer les dernières gouttes de mon anxiété dans un sauna et à oilpé… Love love love Kevin Ps: Si pour la rentrée tu voulais développer une présence à toute épreuve, rejoins-nous pour le prochain Kalam Kalam sur ce lien
La peur d'en finir
Merci la Vie de vous avoir laissé en Vie 🎉
Ça me laisse...sans voix et en même temps, je vous imagine tous les trois en haut d'une colline, en train de crier, d'extérioriser toute cette tension accumulée, comme quand on a fait de la tyrolienne : AAAAAAAAAAAAAAAAAAHHHHHH !!!!!!!!