J’ai laissé Baba Bear derrière Au Jardungle du MonasTerre. C’est là qu’il est né et c’est là qu’il souhaite rester. On a passé 9 belles années à jardiner Nourrir le sol et les réseaux sociaux Câliner les limaces et les oiseaux. On y a composté les angoisses sociétales Et redonné un coup de fouet au végétal Je suis un peu attristé de le quitter Car c’était tout de même une belle entité Une profonde amitié qui a viré vers le trouble d’identité. Il aurait pu mourir d’une chute d’escalade D’un excès de rigolade Ou étouffé d’un éclat de grenade (Pas celle qu’on lance, mais celle qu’on mange) Il n’est pas vraiment mort Disons qu’il dort Dans les corridors De ma boîte de Pandore. Il aura un chapitre dédié dans mon autobiographie Qui sortira un jour, c’est promis! Car la vie c’est aussi lâcher Peler des couches et s’éplucher Pour revenir à l’essentiel De notre voyage existentiel J’ai besoin de m’alléger Et de me focaliser Sur ma raison d’exister. Alors, si tu me le permets, Je voudrais te raconter Ce qui s’est passé. Je suis né Kevin Et dans la tradition gaélique, De l’Irlande antique Caoimhín prononcé ‘kOUI-veun’ Serait ‘le beau garçon’, ‘le bien engendré’ ou encore ’le bien planté’ (le comble du jardinier). C’est vers mes 16 ans Que j’ai changé subitement L’orthographe de ma coiffe. Je suis passé du ‘i’ ou ‘y’ Pour souligner ma dualité Puis à deux ‘e’ car ça rendait mieux. Kevin - Kevyn - Keveen Keveen était nettement plus original Drôlement moins normal Un tantinet plus spécial. Et pour un gamin qui voulait briller Mais à qui on a toujours reproché De vouloir trop se faire remarquer C’était une façon innée De manipuler l’alphabet Pour rester gravé Dans la psyché Je ne voulais pas me perdre dans la masse grandissante des Kevin Être sûr qu’on me distingue Qu’on me voit me différencie. Aurais-je eu peur d’être invisible si je ne sortais pas du lot? Était-ce une stratégie pour être vu, reconnu et donc ému? Ou me fallait-il tout simplement voyager au travers de cet identité pour me renouveler? Le fait est que j’ai adoré porter ce nouveau nom Et que petit à petit, l’autre, le Kevin resté petit Était voué à servir les besoins de l’administration. C’est lui qui signait les papiers, Quand l’autre s’en allait troubadourer. C’est lui qui existait dans les fichiers Quand l’autre pouvait vagabonder. C’est lui que j’ai abandonné Pour aller m’explorer. C’est donc Keveen Qui a couru la mappemonde Navigué les brunes et blondes À n’en perdre aucune seconde. J’étais bien connu sur la toile internationale Pour mes mises à poil et mon amour transcendantal Et puis presque du jour au lendemain, J’ai bifurqué au carrefour d’un chemin Et je suis devenu Baba Bear S’exprimant dans la langue de Molière. Encore une fois, j’ai abandonné qui j’étais Et les gens qui m’entouraient Je me suis recréé une audience Pour oeuvrer en France. J’en ai perdu mon latin Et sûrement quelques copains. Le pire, c’est que j’étais particulièrement agacé Quand on m’appelait par mon prénom passé Comme si je ne pouvais plus m’identifier À cette ancienne réalité sacrifiée. Baba Bear est venu avec son lot de bobos Sa reconnaissance sur les réseaux Et des habitudes délétères Au nom de la Mama Terre. C’est en quittant le MonasTerre Et toute cette sphère éphémère Que j’ai choisi de revenir en arrière. C’est sur Keveen que j’ai rétrogradé Puis me suis demandé ce qui se passerait Si je revenais en première J’ai laissé des traumas Et des histoires de ‘moi’ Dans cette tranche du passé Que je m’en vais explorer. Je remonte la sinueuse pente De mon enfance déroutante À la recherche des petits galets Que j’avais parsemé Et j’irai faire des ricochets Sur le fleuve de ma destinée. Je reste tout de même Un moi qui s’aime Et j’irai semé de la zizanie Dans les champs de ma folie. Merci d’être ici, Merci de lire, Et merci de partager cette extasiante exploration du soi. Love love love Kevin
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Quel Plaisir, Kévin, de découvrir cette prose autour du prénom d'origine qui loin de se faire la malle avait été mis à mal : oublié voire méprisé pour un prénom plus original !
Pendant 15 ans j'ai porté le surnom Charlie (cf drôles de dames)
C'est une retraite ignatienne qui m'a fait muer, ou m'a re-muée pour reprendre le prénom de Laurence.
Merci @Sylvain Delente pour ces mots : "je retourne au profond, à l'authentique, au vulnérable, je me rends compte que c'est là qu'est la puissance, la vraie, la juste, ni impuissance, ni toute puissance."
C'est si bien écrit et tellement vrai !
La preuve ? j'ai déposé à l'INPI ce que j'incarne aujourd"hui : Le Luxe De Soi
Bonjour mon frère, ravi de te rencontrer enfin.
Si Baba Bear, le gaie ours (quelques fois persifleur) a fait sortir plein de choses des tripes de Sly, le lémurien attentionné (quelques fois jugeant). Je suis plutôt sûr que Kevin et Sylvain ont de belles choses à faire ensemble.
J'ai vécu également une période ou je m'étais éloigné de mon prénom de naissance (même mes parents avaient accepté Sly), pour éviter de voir toutes les blessures du dedans.
Et depuis que je retourne au profond, à l'authentique, au vulnérable, je me rend compte que c'est là qu'est la puissance, la vraie, la juste, ni impuissance, ni toute puissance.
De gourou (parfois vu avec un sens négatif), tu passes au stade de maître spirituel pour moi, en acceptant de voir aussi dans tes blessures, en public, et rejoins la longue liste des belles personnes avec qui c'est bon de co-évoluer.
Je t'aime mon frère, tu seras toujours dans mon cœur !