C'était à peine 9h du mat et on était en plein cours de Kung Fu. On était une trentaine à être initié. Des costauds, des maigrichons, des toute tatouées, des qui savaient bien bouger, et des qui n’avaient pas encore décuvé - on était tous là pour une bonne raison.
Devant moi, se trouvait aussi une jeune femme totalement à poil (dans les deux sens du terme) et je ne la remercierai jamais assez pour l’épiphanie qu’elle a déclenché en moi (vérifie la définition d'épiphanie si t'as un doute). Rien d’étonnant jusque là puisque la nudité est totalement acceptée au Boom. C’est un lieu de liberté et chacun peut s’habiller comme il lui plait. Perso, je kiffe la nudité. J’ai grandi à moitié tout nu. Je dis à moitié car quand je vivais avec ma mère, fallait garder son slip, Alors que chez mon père, vivre à poil était un principe. J’ai donc eu la chance d’être rapidement exposé aux corps, aux différences et à la biodiversité géniale des parties génitales.
J’ai pourtant longtemps complexé sur la taille de mon bâtonnet. Car être le plus petit parmi une foule de grands a souvent était frustrant et pas si rassurant. Je me demandais si un jour j’allais moi aussi avoir un baobab dans une jungle pilleuse. NB: Ma passion pour le Jardungle n’a absolument rien à voir avec un trauma d’enfance :)
L’avantage avec la nudité démocratisée, c’est qu’on voit bien que chacun est parfait comme il est. On est né avec un corps, et même si nous avons la capacité de le sculpter, y’a des choses qu’on ne peut pas changer (peu importe les crèmes et gadgets qu’on essayera de vous vendre). Le danger de la nudité, c’est qu’on peut avoir tendance à se comparer et envier ce qui ne nous appartiendra pas. Non, je n’aurai jamais le même engin que certains copains, et puisque ma chérie est déjà parfaite comme elle est, ça ne sert à rien de l’imaginer avec la poitrine de ma voisine. Enfin, j’ai le droit de rêver mais ça serait résister à ma formidable réalité. À Boom, des corps splendides, y’en a de partout. Au début ça peut rendre fou car on voudrait tous les attraper comme des pikachu. Que dire, la beauté m’attire, Alors heureusement que ma raison de papillon Me souffle qu’à quoi bon butiner à foison Quand on a déjà goûté au fruit de la passion. Je vous regarde tous, homme et femme, mi-homme mi-femme. Y’en a pour qui j’ai des pulsions sexuelles et d’autres de l’admiration culturelle. Y’en a que j’observe avec réserve et d’autres qui m’ouvrent l’éventail des tailles.
Quoi qu’il en soit, je croque tout le monde du regard et les remercie d’exister. Je pense que la vie c’est comme un buffet à volonté Au début tu veux tout dévorer Et rapidement, t’as envie de gerber. Pourquoi consommer plus quand on est déjà rassasié ? C’est un chemin sans fin et y’aura toujours plus ferme et mieux tenu dans un monde sans retenu. Je vous aime à poil car je peux ainsi vous apprécier dans votre totalité. (Rassure-toi, le fil est conservé et je reviens bientôt à ma velue voisine d’activité.) Je voudrais avant ça questionner la nuance entre être à poil par légèreté et se mettre à nu pour être vu.
Petit, j’adorai montrer mon cul. Mes albums photos familiaux était remplis de paysages lunaires extraordinaires. Je ne sais pas pourquoi j’avais tant besoin de vous montrer ma raie sans arrêt. Je voulais faire rire car je trouvais ça drôle Je voulais être vu comme un gars qu’a beaucoup de cul Je voulais prouver que je n’avais pas peur d’être moi. Mais au final, tout le monde s’en fout de mon trou anal. Ça fait rire la première fois, et l’humour va de soi Mais imposer sa nudité non sollicitée Est un manque de respect pour l’humanité.
Aujourd’hui, je ne me mets plus à poil à tout vent Surtout quand y’a d’autres gens. J’aime demander permission ou m’isoler pour me dénuder. Car pour moi, la nudité se partage en contexte. Inutile d’en faire tout un drame, Et de secouer son organigramme Pour qu’on t’acclame. Je n’ai plus besoin de me montrer pour être vu Et c’est devenu un privilège privé Que de gambader gaiement dans mon costume d’Adam. J’aime faire ça entre potes et en famille Jouer au foot et aux boules qui sautillent Se rouler dans la boue Et faire des roues Par plaisir de s’aimer Et de légèreté.
Bref, ça m’excite de ne plus montrer ma bite d’exhibitionniste pour prouver que j’existe. J’utilise aussi la nudité comme rite de passage et dépassement de soi lors de mes camps. Car la mise à nu est reconnue plus qu’utile pour bosser les peurs infantiles. Revenons donc à mon cours de Kung Fu. Y’a des exercices à faire à deux et d’autres en solo. On se tape dessus, on se fait des prises, on bloque les coups. On s’étire, on s’étend et on se détend aussi. Et bien justement, dans un exercice d’assouplissement, je me retrouve partenaire de ma cavalière nudiste et c’est les pattes en l’air que je vois son derrière. Elle n’a aucune gêne à écarter grand son intimité et je me retrouve nez à nez devant un orifice particulier. L’image qui vient peut vous choquer, ou vous faire pouffer Mais comprenez que c’est par soucis de réalité que je vous expose cette vérité. Je fais donc face à son trou de balle amical Qui de mes yeux de néophyte médical Ressemble à une éruption anale D’hémorroïdes peu banal.
Difficile pour moi d’oublier ce que j’ai aperçu Ou de vous conter ce que j’ai vécu avec ce cul Tous les exercices à deux faisaient atterrir mes yeux juste devant eux Et j’ai appris à être heureux avec ce coup foireux. Impossible pour elle d’ignorer qu’ils existaient Et de ne pas penser qu’ils se cachaient Pendant cet atelier baigné d’intimité. Elle est restée aussi stoïque qu’une statue publique Et a transcendée la peur d’être jugée. C’était elle, aussi entière qu’elle pouvait l’être Rien à cacher, rien à dissimuler. Elle n’était pas là pour me faire plaisir Ou prétendre être un objet de désir. Son trou de balle avait subit la vie Et ainsi c’était pour lui Elle s’aimait comme elle était Et j’en suis resté stupéfait. Alors, merci à toi ma chère partenaire de chair Tu m’as enseigné sans le vouloir Qu’on pouvait tous s’asseoir Sur l’opinion de son propre fion. Si j’ai appris un truc au Kung Fu C’est que tout le monde s’en fout!
Ceci est donc une invitation à t’accepter totalement comme tu es Que tu sois frisée, ridée, ou matelassée, Velue, ventrue, ou tout dodue Tu es parfait comme tu es. Et si la nudité physique vous fait encore douter Tentez au moins la transparence émotionnelle. Je vous donne RDV un de ces jours Pour partager les contours De notre humanité libérée.
Dans le prochain récit, je vous partage une petite poésie en hommages aux zizis. D’ici là, lâchez-vous la grappe- jeu de mot inclus ;)
love love love
Baba
You are so talented with your words. They just flow like music. This was very funny. Honestly it would not be something I would do but I admire and even envy people who can do this. I did laugh imagining your reaction seeing a butt hole with hemorrhoids.